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Rayne

L'Arrivée

RAYNE

. . Après avoir bouclé mes valises et piqué un petit somme, j'ai pris la route pour Featherstone. Le trajet a été interminable.

J'ai ingurgité une quantité astronomique de boissons énergisantes pour ne pas m'assoupir au volant, mais j'étais exténuée en arrivant enfin au Rocky Springs Resort.

J'ai bâillé en sortant de mon pick-up dans l'air frais du soir. J'étais ravie que l'hiver soit derrière nous, cédant la place à une douceur automnale.

À l'accueil, un homme dans la trentaine aux cheveux ras m'a accueillie.

« Bienvenue au Rocky Springs Resort. Que puis-je faire pour vous ? »

« Bonsoir, j'ai réservé un chalet hier. Ça devrait être au nom de Rayne Callahan. » J'utilisais un pseudonyme par précaution. Je ne pensais pas être connue ici en tant que Rayne Slater, mais mieux valait être prudente.

Il m'a dévisagée, puis a vérifié sur l'ordinateur. « En effet, nous vous avons dans le chalet 20-B. Voici vos clés, Mademoiselle Callahan. »

Il a ajouté avec un sourire : « Si vous avez besoin de quoi que ce soit, faites le zéro pour joindre l'accueil, je serai là pour vous aider. »

Je lui ai rendu son sourire en prenant la clé et le plan qu'il me tendait. « Parfait. Merci beaucoup. »

Le plan m'indiquait un chalet près d'une rivière, entouré d'arbres. Malgré la fatigue, j'étais sur le qui-vive. Je pouvais sentir une légère odeur de métamorphes, ce qui me mettait mal à l'aise.

Les odeurs n'étaient pas fraîches et il n'y avait aucun métamorphe dans les parages, mais ça m'inquiétait quand même. Comme il n'y avait pas de danger immédiat, j'ai rentré mes affaires.

Le chalet était joliment décoré, avec des lumières élégantes et de beaux tableaux partout. Il y avait deux belles chambres, une salle de bain et une cuisine moyenne avec du marbre, ainsi qu'un foyer dans le salon.

C'était un peu luxueux, mais ça ferait l'affaire.

J'ai installé mon ordinateur sur la table basse, puis j'ai planqué mes armes à différents endroits du chalet. On n'est jamais trop prudent, surtout avec des métamorphes dans le coin.

Si quelqu'un fouillait l'endroit, au moins mes armes seraient en sécurité.

Le lendemain, j'irais explorer le terrain de l'oncle et longer ses limites en prenant des photos et en notant mes observations.

Ensuite, je surveillerais l'entrée pour voir qui entrait et sortait.

Je me demandais si je croiserais Reese. Une partie de moi aimait cette idée, et je lui ai dit de la fermer.

La proximité des métamorphes rendait cette partie de moi plus active que d'habitude. La plupart du temps, elle restait sage, mais près des métamorphes, elle perdait ses bonnes manières.

C'était dur de se concentrer quand elle était comme ça. Je devais constamment la tenir en laisse.

Épuisée, je me suis frotté les yeux en me traînant vers la chambre principale, où je me suis écroulée sur l'oreiller et me suis endormie comme une masse.

SEPT ANS ET QUELQUES MOIS PLUS TÔT
Je bossais encore tard chez Sonny's Seafood. C'était presque l'heure de fermer, alors Bree et moi faisions le ménage à l'arrière. Les autres employés étaient partis tôt, nous laissant fermer la boutique.
« Alors, que vas-tu faire ce soir pour tes seize ans, Kota ? Les Peterson ont prévu un truc spécial ? » demanda Bree en balayant le sol.
« Sinon, je demanderai à Lance de nous prendre et on t'emmènera faire la fête. »
J'avais pensé à sortir, mais depuis mon réveil ce matin-là, je me sentais vraiment pas bien.
Je ne voulais pas quitter mon lit, mais je savais que si je ne le faisais pas, je perdrais huit heures de salaire. J'avais besoin de cet argent, alors je me suis forcée à me lever.
Mes nouveaux parents d'accueil, les Peterson, étaient tellement occupés avec les plus jeunes qu'ils ne m'avaient pas remarquée, comme chaque jour depuis les cinq mois que je vivais chez eux.
Je suis sortie par la porte d'entrée et me suis rendue chez Sonny's.
« Rien à ma connaissance », ai-je dit à Bree. « Quant aux Peterson, je ne pense même pas qu'ils sachent que c'est mon anniversaire.
« S'ils ne me voyaient pas prendre de la place chez eux, ils ne sauraient probablement même pas que j'existe.
« En plus, je me sens pas bien. Je crois que je couve quelque chose. Je ferais mieux de retourner me coucher. »
Bree m'a regardée d'un air sceptique pendant qu'on fermait. Le soleil était presque couché, et j'avais un kilomètre à faire pour rentrer chez les Peterson. J'ai soupiré, regrettant de ne pas avoir de voiture ou même un vélo.
J'aurais pu demander à Bree et Lance de me déposer, mais je voyais bien qu'elle voulait vraiment que je fête mon anniversaire, et je n'étais pas d'humeur.
« Bree, arrête de me regarder comme ça. Oui, je suis sérieuse. Tout le monde n'a pas besoin de faire une grosse fiesta à chaque anniversaire. »
Elle a fait un bruit agacé. « Tu peux être tellement rabat-joie, Kota. Amuse-toi un peu de temps en temps. Laisse Lance et moi t'emmener sortir. Tes seize ans, ça se fête ! Si tu peux venir bosser, tu peux sortir. »
Je l'ai regardée d'un air fatigué. Elle était complètement à côté de la plaque. J'avais un mal de crâne atroce, comme si on me tapait dessus avec un marteau, ce qui rendait difficile de tenir debout.
« Désolée, Bree. Je me sens vraiment pas assez en forme. On pourra peut-être faire un truc demain. Ce soir, je vais ramener mon petit moi rabat-joie chez les Peterson et aller me coucher. »
Elle a essayé de protester, mais j'avais déjà tourné au coin de la rue.
J'avais emprunté le même chemin de Sonny's à la maison des Peterson ces quatre derniers mois, mais ce soir-là, tout semblait différent.
Les bruits et les sons étaient beaucoup plus nets. J'entendais les télés dans les maisons, les chats chassant les souris dans les ruelles, et Mme Tolley, la commère du quartier, parlant fort au téléphone.
Les odeurs étaient aussi plus fortes. Je pouvais sentir la route, les poubelles, les gaz d'échappement et l'odeur de pin des sapins de Noël jetés.
Tout ça aggravait mon mal de tête, alors j'ai relevé la capuche de ma veste et accéléré le pas, voulant arriver plus vite chez les Peterson.
Une fois là-bas, je prendrais des cachets jusqu'à ce que la douleur passe.
J'étais à environ deux pâtés de maisons quand une étrange sensation de picotement a parcouru mon corps.
Elle a disparu rapidement, mais a été remplacée par une douleur si intense que je me suis effondrée sur le trottoir.
La douleur s'est intensifiée très vite, faisant trembler mon corps. Allongée sur le béton, je gémissais et me tordais de douleur. Ma vision commençait à s'assombrir, m'indiquant que j'allais tomber dans les pommes.
J'ai essayé de respirer lentement pour me donner le temps d'appeler à l'aide, mais je ne pouvais émettre qu'un faible son.
Alors que je tentais de faire assez de bruit pour attirer l'attention d'un voisin, mon corps continuait de trembler.
Quand mes os et mes articulations ont commencé à faire des bruits de craquement et à bouger de façon bizarre, j'ai regardé avec terreur mon corps se transformer sous mes yeux.
Complètement paniquée, j'ai enfin retrouvé ma voix et j'ai poussé un cri perçant.
Mon cerveau ne pouvait pas comprendre ce qui se passait, alors mon esprit a sombré dans l'obscurité.
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