
Série Toi mon Alpha : Le Loup de Firestone
Faith pensait pouvoir fuir son passé en quittant tout. Mais son arrivée à Firestone réveille bien plus que de vieux souvenirs. Isolée au cœur d’une forêt dense, elle fait la rencontre de Jackson, un homme aussi énigmatique qu’indomptable. Derrière ses silences et son regard perçant se cache un secret aussi ancien que dangereux. Entre attirance et peur, confiance et trahison, Faith devra affronter ses blessures… et le loup qui veille dans l’ombre. Quand l’amour se mêle aux ténèbres, le cœur n’a plus de repères.
CHAPITRE 1
Faith
J’ai grandi dans une prison dorée, un monde où l’argent coulait à flots, mais où la chaleur humaine était inexistante.
D’aussi loin que je me souvienne, mes parents ont toujours été froids et distants. Il n’y avait pas d’amour dans notre maison, seulement des règles strictes et des attentes irréalistes.
Ma sœur, Elena, était l’enfant parfaite, celle qu’ils adoraient. Belle, souriante, charismatique. Elle pouvait faire tout ce qu’elle voulait : soirées, voyages scolaires, amis, sorties…
Moi, j’étais différente. Et je n’avais jamais su pourquoi.
Plutôt que d’aller à l’école, j’avais droit à des cours privés avec des tuteurs sévères. Et plutôt que de profiter d’une enfance insouciante, j’avais passé la majeure partie de mon temps à m’entraîner.
Arts martiaux, maniement d’armes blanches, endurance… chaque jour, mon corps était poussé jusqu’à ses limites.
Pourquoi ?
Je ne l’ai jamais su.
Mais mes parents exigeaient que je sois prête.
Prête à quoi ? Aucune idée.
Chaque fois que j’osais poser la question, mon père me répondait avec un regard glacial :
« Ne pose pas de questions inutiles. Fais ce qu’on te dit. »
Alors j’obéissais. Parce que je n’avais pas le choix.
Par ailleurs, nous n’avions pas le droit d’appeler nos parents « maman » et « papa ».
Non, il fallait impérativement que nous les appelions « monsieur » et « madame » et nous devions également les vouvoyer.
N’en déplaise à ma sœur, cette petite peste. Je la nomme de cette façon car elle s’est toujours comportée comme telle.
Jusqu’à leur accident qui leur a coûté la vie à tous les trois, j’avais été obligée de suivre des cours d’arts martiaux cinq jours par semaine et les deux jours restant été consacrés à l’école.
C’est dire que je n’avais pas un moment à moi.
J’avais également l’interdiction de me couper les cheveux ou de m’habiller simplement comme les personnes normales, contrairement à ma sœur qui avait le droit de vivre normalement, de fréquenter une école normale et même d’avoir des amis.
Autant dire que je me sentais très seule, surtout lorsque ma sœur et ses amies prenaient plaisir à m’humilier et que ça amusait nos parents.
Ce matin-là, mes parents et Elena partaient pour un week-end de camping dans une réserve naturelle. Comme d’habitude, je n’étais pas invitée.
Je les avais regardés charger leurs sacs dans la voiture, un étrange pincement au cœur.
Pourquoi avaient-ils toujours tenu à m’exclure de leur monde ?
« Reste ici et continue ton entraînement. »
Ce sont les derniers mots que mon père m’a adressés.
Ils sont partis. Et je suis restée.
Je ne me doutais pas que ce serait la dernière fois que je les verrais vivants.
Le lendemain matin, un officier de police a frappé à la porte du manoir.
« Mademoiselle… Je suis désolé de vous annoncer que vos parents et votre sœur ont été victimes d’une attaque d’animal sauvage lors de leur excursion en forêt. »
Mon cœur n’a pas accéléré. Mes mains n’ont pas tremblé.
« Une attaque d’animal sauvage ? »
« Nous pensons qu’un ours ou un loup est à l’origine du drame… mais les blessures sont étranges. Les corps sont méconnaissables. »
Étranges ?
Je n’ai pas pleuré.
Je n’arrivais pas à ressentir de la peine. Juste du vide.
Je devais être un monstre.
D’après la loi, mon oncle, le frère de mon père, devenait mon tuteur légal.
Mais il ne s’intéressait qu’à la fortune familiale.
Il ne me restait qu’une solution : disparaître.
J’ai pris un sac, de l’argent liquide, et j’ai acheté un billet pour la première ville venue.
Voilà ce qui m’amène aujourd’hui à…
Mince, c’est quoi le nom de cette ville déjà ? Ah, oui ! Firestone.
Dès que je sors du bus, je sens quelque chose… d’étrange.
L’air y est plus frais qu’en ville. L’ambiance plus silencieuse.
Firestone est une petite bourgade entourée de forêts imposantes, presque comme un décor de film.
Je me dirige vers le premier hôtel que je trouve. Rien d’extravagant, mais suffisant pour quelques nuits.
La première chose que je fais après avoir posé mes affaires, c’est de me rendre chez le coiffeur.
Un acte anodin, mais pour moi, c’est une vraie rébellion.
Toute ma vie, on m’a interdit de toucher à mes cheveux. Aujourd’hui, je m’en fous.
Le résultat, c’est un long carré plongeant qui encadre mon visage d’une manière que je trouve… libératrice.
Je suis enfin moi-même.
Mais alors que je sors du salon, mon ventre me rappelle que je n’ai rien avalé depuis des heures.
Le premier restaurant que je trouve est un petit bistrot animé.
Dès que je franchis la porte, je ressens une sensation d’inconfort.
Les discussions s’arrêtent. Tous les regards se posent sur moi.
Je serre les mâchoires et m’avance jusqu’à une table libre, ignorant les murmures à peine dissimulés autour de moi.
Je commande une assiette de lasagnes et une salade.
Un serveur aux cheveux bruns en bataille s’arrête près de moi.
« Vous êtes nouvelle ! »
Je relève la tête.
« Oui. Pourquoi ? »
Il hausse les épaules.
« Les étrangers ne restent pas longtemps ici. »
Un frisson me parcourt l’échine.
Pourquoi a-t-il dit ça ?
Mais avant que je puisse poser une question, il s’éloigne.
Je souffle, m’efforçant de ne pas trop penser à l’étrangeté de cette ville.
Après avoir réglé l’addition, je sors dans la fraîcheur du soir.
Je prends ce qui me semble être un raccourci pour retourner à mon hôtel. Une ruelle sombre, trop silencieuse.
Puis, soudain…
Des pas derrière moi.
Je ralentis, tendant l’oreille.
Les bruits de pas s’arrêtent en même temps que moi.
Un frisson glacé remonte le long de ma colonne vertébrale.
Je sais reconnaître un danger quand j’en croise un.
J’accélère le pas, mais avant que je ne puisse atteindre l’angle de la rue…
Une main m’attrape violemment par l’épaule et me plaque contre un mur.
Mon souffle est coupé.
Un homme se tient devant moi. Son haleine empeste l’alcool et lui la sueur.
« Alors ma jolie… qu’est-ce qu’un bout de femme comme toi fait seule à une heure pareille ? »
Je serre les dents.
« Lâche-moi. »
Il sourit, révélant des dents jaunies.
« J’aime bien les filles avec du caractère. »
L’adrénaline prend le dessus.
D’un mouvement sec, je lui envoie un coup de coude dans l’estomac, mais il le bloque.
Trop rapide.
Ce type est plus costaud que je ne l’ai cru.
Mais avant qu’il ne puisse riposter…
Un hurlement retentit dans la nuit.
Un son sourd, terrifiant, inhumain.
L’homme se fige.
Puis il est projeté en arrière par une force invisible.
Je recule, le souffle court.
Dans l’ombre, une silhouette imposante apparaît.
J’aperçois des yeux d’un bleu glacial briller sous la lueur du réverbère.
J’ai lu assez de romans pour comprendre une chose évidente :
Ce qui se tient devant moi… n’est pas humain.
Je prends mes jambes à mon cou et rentre vite à l’hôtel en prenant soin de bien verrouiller ma porte.
Mais qu’est-ce qui vient de se passer ?
Ne voulant pas trop y penser, je prends une douche et vais me coucher.
Lorsque j’ouvre les yeux le lendemain matin, la première chose que je ressens est une étrange lourdeur dans ma poitrine.
Il me faut quelques secondes pour me rappeler où je suis. Firestone.
Mon regard se pose sur le plafond vieilli de ma chambre d’hôtel. Tout semble normal… et pourtant, rien ne l’est.
L’agression d’hier soir.
Ce hurlement inhumain.
L’ombre dans la ruelle.
Un frisson court sur ma peau. Qui m’a sauvée ? Ou plutôt, qu’est-ce qui m’a sauvée ?
Je me redresse lentement sur le lit, en massant ma nuque douloureuse. J’aurais dû être terrifiée.
Mais contre toute attente, ce n’est pas de la peur que j’ai ressentie.
C’était de la fascination.
Après une douche rapide, j’enfile un jean sombre et un pull léger, puis je me coiffe rapidement avant de quitter ma chambre.
Dès que je mets un pied dehors, l’air matinal me saisit. Frais, chargé d’humidité, imprégné d’une odeur de bois et de terre humide.
Firestone semble calme… en apparence.
Je marche lentement dans les rues pavées, observant autour de moi.
Les passants vont et viennent comme dans n’importe quelle petite ville. Mais quelque chose cloche.
Les conversations s’éteignent subitement à mon passage.
Certains habitants détournent les yeux, d’autres me fixent un peu trop longtemps avant de chuchoter entre eux.
Un sentiment d’intrusion s’insinue en moi.
Je suis une étrangère et ici, les étrangers ne sont pas les bienvenus.
Alors que je longe une rangée de commerces, mon regard est attiré par une boutique ancienne, coincée entre une librairie et un café.
Elle n’a pas d’enseigne. Pas de nom. Seulement une vitrine poussiéreuse où s’amassent des bijoux en argent, des livres anciens et des talismans étranges.
Un frisson me parcourt.
Je m’approche, mon regard est accroché par une bague en argent ornée d’une pierre sombre. Elle semble presque… vivante, comme si elle aspirait la lumière.
« Elle vous attire, n’est-ce pas ? »
Je sursaute.
Une femme d’une cinquantaine d’années, aux longs cheveux gris et aux yeux perçants, se tient juste derrière moi.
« Pardon ? »
Elle esquisse un sourire énigmatique.
« Vous avez quelque chose en vous… Quelque chose de différent. »
Mon cœur semble rater un battement.
« Je… je ne vois pas de quoi vous parlez. »
Elle ne me quitte pas des yeux.
« Soyez prudente, jeune fille. Certains secrets de Firestone devraient rester enterrés. »
Un frisson glacial remonte le long de ma colonne vertébrale.
Je voudrais lui poser une question, mais une cliente entre dans la boutique et elle s’éloigne pour passer derrière le comptoir.
Je reste figée un instant, un mauvais pressentiment pesant sur ma poitrine.
En essayant de faire abstraction de tout ça, je me dis qu’il faut que je trouve un travail. Je ne peux pas vivre éternellement sur mes petites économies.
Je sais que je n’ai pas d’expérience, mais je trouverai bien quelque chose. C’est du moins ce que j’espère.
Après une bonne balade dans la ville, je décide de rentrer, le soleil ne va pas tarder à se coucher.
Une fois dans la chambre, je verrouille la porte et pose mon petit sac en papier sur le lit. Une bonne douche me fera le plus grand bien, alors je sors mon pyjama et mes affaires de toilette avant de me diriger vers la salle de bain.
Il n’y a qu’une simple douche mais au moins, ils mettent à disposition de leurs clients un sèche-cheveux.
Je prends donc une douche rapide et retourne dans la chambre. Je mets une chaîne au hasard sur la télévision puis vais me faire un café. Je me suis acheté du cappuccino soluble ainsi que quelques gâteaux pour ce soir.
Je ne sais pas à quel moment je me suis endormie mais en ouvrant les yeux, il y a déjà un grand soleil dehors.
Mince, je devais être sacrement fatiguée.
Je me débarbouille rapidement puis me prépare pour aller prendre un petit-déjeuner dehors.
En allant à la boulangerie, je commande un café avec un donut au chocolat. Je constate qu’ils vendent également le journal local donc j’en prends un aussi, puis m’installe à une table en terrasse.
La petite brise du matin me fait frissonner, alors je me réchauffe un peu avec mon café et j’en profite pour feuilleter le journal.
Une fois sur la page des offres d’emploi, je la parcours en vitesse et tombe sur une annonce à laquelle je pense pouvoir postuler, car il n’y a pas besoin d’expérience ou de diplôme.
Je saute donc sur l’occasion et j’appelle le numéro indiqué.
Après trois sonneries, un homme décroche le téléphone et me répond d’une voix bourrue.
« Allo !? »
« Bonjour, excusez-moi de vous déranger. Pourrais-je parler à monsieur… Grindal, s’il vous plaît ? »
« C’est moi-même ! Que puis-je faire pour vous ? »
« Eh bien, je suis nouvelle en ville et suis à la recherche d’un emploi. Si l’annonce dans le journal est toujours d’actualité, je souhaiterais postuler. »
Je l’entends rire au téléphone, ce qui me rend plutôt nerveuse je dois l’avouer, puis il se reprend.
« Écoutez, ma p’tite dame. Venez à 17h tapante aujourd’hui, et nous verrons ensemble si ce travail est fait pour vous. »
« Parfait, je serai là ! Merci beaucoup et à tout à l’heure. »
Il se remet à rire puis raccroche. J’ai hâte d’avoir cet entretien et j’espère vraiment décrocher ce job.
Lorsque j’arrive au bistrot « Ambroisie », je suis surprise par l’ambiance chaleureuse de l’endroit. Un agréable mélange de boiseries vernies, de lumières tamisées et d’odeurs alléchantes.
Dès que je franchis la porte, une voix féminine s’élève :
« Tiens, voilà la nouvelle. »
Je me retourne et croise le regard espiègle d’une jeune femme aux longs cheveux bruns et aux yeux verts pétillants.
« Je m’appelle Faith. »
« Cléa. Serveuse, reine des ragots et ta future meilleure amie. »
Un sourire amusé étire mes lèvres.
« Ça sonne presque comme une menace. »
Elle éclate de rire.
« T’inquiète, je ne mords pas… contrairement à certains ici. »
Je hausse un sourcil, mais avant que je puisse lui demander de préciser sa pensée, elle me fait signe de la suivre.
Quelques minutes plus tard, me voilà dans le bureau de monsieur Grindal. Après avoir longuement discuté, il me propose de faire un essai le soir même. Tout se déroule finalement sans accroc.
Trois mois et demi plus tard, je travaille toujours au bistrot « Ambroisie ». Je me suis liée d’amitié avec Cléa, qui est un peu plus âgée que moi et y travaille aussi comme serveuse.
Nous sommes rapidement devenues proches et pour être honnête, je me sens enfin chez moi ici.
J’ai toujours ma chambre à l’hôtel en attendant de pouvoir prendre mon propre appartement, car même avec les pourboires, nous ne gagnons pas non plus une fortune mais au moins, j’économise facilement pour trouver quelque chose de décent.
Ce soir, le service est plus intense que prévu, mais l’adrénaline du travail m’aide à me concentrer.
Vers minuit, alors que nous nettoyons le bar, Cléa s’approche avec un sourire malicieux.
« Ma belle, on mange ensemble demain soir ? J’ai une super proposition à te faire. »
« Oh, c’est vraiment gentil de ta part Cléa, mais c’est moi qui m’occupe de la fermeture demain. Après-demain, si tu veux ? »
« Merde, ça craint ! Oups, désolée je ne devrais pas parler comme ça ! Mon frère me tuerait s’il m’entendait jurer. »
Elle se met furieusement à rougir et j’éclate de rire.
« Détends-toi, je te taquine ! »
« Mon frère viendra, alors je pourrai faire les présentations. Je passerai te prendre chez toi à 19h pétante, alors sois prête ma belle. »
« Va pour 19h alors. Bye. »
Une fois toutes les serveuses parties, je me retrouve seule au bistrot.
Je termine de nettoyer les tables, range la vaisselle puis prépare les poubelles que je dois jeter à l’arrière du restaurant.
Depuis que je travaille ici, je peux affirmer que je déteste jeter les poubelles. Ce n’est pas le fait d’accomplir cette tâche qui me dérange, mais plutôt la ruelle en elle-même.
Il doit être 1h du matin quand je sors les poubelles dans l’arrière-cour.
L’air nocturne est plus froid que d’habitude.
Je fais quelques pas dans la ruelle sombre… puis je les entends.
Des pas derrière moi.
Je me fige.
Mon instinct me crie de ne pas me retourner, mais je le fais quand même.
Personne.
Un frisson glacé remonte le long de ma colonne vertébrale.
Je reprends ma marche, mais les pas reprennent aussi.
Cette fois, je la sens. Une présence. Tapie dans l’ombre. Menaçante.
J’accélère le pas…
Trop tard.
Une main surgit de l’obscurité et me saisit violemment.
« Alors, ma jolie… on se retrouve enfin. »
Un souffle alcoolisé effleure ma peau.
L’agresseur de l’autre fois.
Il ne devrait pas être en vie.
Mon cœur semble exploser dans ma poitrine.
Je tente un mouvement d’esquive, mais il est trop rapide. Trop fort.
Il n’est pas humain.
Avant que je puisse crier…
Un grondement sourd déchire l’air.
Un son bestial, primal, terrifiant.
Mon agresseur est violemment projeté en arrière, pour s’écraser contre un mur avec une force surhumaine. Puis soudain, il a disparu.
Je recule, tétanisée.
Dans l’ombre, une silhouette immense émerge lentement.
Dominante. Terrifiante.
Puis je croise ses yeux.
D’un bleu glacial. Percutant. Puissant.
Et tout mon corps me hurle que ma vie vient de basculer à jamais.
Je retourne à l’intérieur du restaurant et ferme la porte à double tour. Sans prendre la peine de me changer, je prends mes affaires et rentre en vitesse.
De retour dans ma chambre, je m’empresse de prendre une douche, j’ai l’impression de sentir ses mains dégoûtantes partout sur moi. Je me lave deux ou trois fois pour me sentir mieux.
Je suis contente d’être en congé durant deux jours d’affilée. Sans prendre le temps de manger, je me couche et m’endors dès que ma tête touche l’oreiller.
Deux jours plus tard, je passe la journée à regarder la télé tout en m’empiffrant de cochonneries. Évidemment, la journée passe très vite.
Vers 17h30, je prépare mes vêtements pour ce soir. Je décide d’opter pour un chemisier blanc à manches courtes avec un léger décolleté, un jean bleu clair et des sandales blanches, puis je vais sous la douche.
Une fois prête du point de vue vestimentaire, je me maquille avec un fard à paupière couleur taupe, un peu d’eye-liner et du mascara.
A 19h pile, Cléa m’appelle pour me dire qu’elle est en bas de chez moi, alors je la rejoins vite.
« Salut, ma belle ! Contente de voir que tu es ponctuelle même en dehors du travail. »
« Mais c’est que t’es drôle ce soir, toi. Tu sais très bien que je le suis toujours. »
« C’est vrai. Bon, trêve de bavardage, il faut qu’on y aille. Mon frère ne devrait pas tarder à arriver chez moi. »
Nous montons dans sa voiture et nous dirigeons vers la forêt. La route qu’elle emprunte est faiblement éclairée par quelques lampadaires, juste assez pour voir où nous allons.
« Je sais que je te l’ai déjà dit, mais tu ne pouvais pas vivre en ville comme les gens normaux ? Je trouve que c’est un peu angoissant de vivre dans la forêt. »
« Et tu sais que j’aime ma tranquillité, alors la réponse est toujours la même… Non. Pourquoi tu trouves que c’est angoissant ? Je veux dire, j’ai plein de voisins même si tu ne les vois pas, et il ne s’est jamais rien passé de spécial ici jusqu’à présent. »
« Oui, je sais. C’est probablement parce que c’est trop calme ici et que j’ai l’habitude du bruit de la ville. »
« Oui, ça doit être ça. Allez ma belle, nous sommes arrivées à destination. »
Une fois chez Cléa, nous allons dans la cuisine et commençons à préparer le repas de ce soir ou plutôt, à le mettre dans un plat puis le passer au four puisqu’elle a commandé un gratin dauphinois chez le traiteur.
Il lui a d’ailleurs recommandé de faire une salade car apparemment, ça se marie bien avec le gratin donc c’est la seule chose que nous préparons vraiment.
« Faith, tu veux boire quelque chose en attendant que mon frère arrive ? »
« Bien sûr. Qu’est-ce que tu as à me proposer ? »
« Euh… j’ai de la bière, du vin rouge, du soda, du whisky et de l’eau. Alors à toi de choisir. »
« Un whisky, s’il te plaît. »
« Va pour un whisky, alors. Tu commences fort, dis donc. »
« Ouais, avec ce qui s’est passé avant-hier soir, j’en ai bien besoin. »
« Comment ça ? »
« Eh bien, j’ai été en quelques sortes agressée pendant que je sortais les poubelles à la fermeture. »
« Pardon ? Pourquoi tu ne m’as pas appelée ? Je serais venue avec du renfort ! »
« Je ne voulais pas gâcher ta soirée, et puis je n’ai rien donc ça va, d’accord ? »
« Que s’est-il passé exactement ? »
« Rien de particulier. Je sortais les poubelles et un homme complètement bourré m’a attrapée. Je ne vais pas rentrer dans les détails sur ce qu’il voulait mais ce qui est dingue, c’est qu’au moment où j’allais lui mettre un coup dans les couilles, il s’est littéralement volatilisé. »
« D’accord… »
« Tu dois me prendre pour une folle, n’est-ce pas ? Je te jure que je n’invente rien de cela… »
« Non, du tout. Il a probablement pris conscience de ce qu’il faisait et s’est enfui ? »
« Peut-être. Quoi qu’il en soit, maintenant tu sais pourquoi j’ai besoin d’un whisky plutôt que d’un verre de vin. »
Pendant que Cléa et moi sommes en train de discuter, nous ne remarquons même pas que quelqu’un est là, en train de nous écouter, jusqu’au moment où celui que je pense être le frère de Cléa commence à parler.
« Intéressant. »
« Jackson ! Préviens-moi la prochaine fois. »
« Je vous entendais parler alors je ne voulais pas vous interrompre. Par contre, t’es bien gentille mais la prochaine fois, ferme la porte à clé. N’importe qui pourrait entrer et faire je ne sais quoi ! »
Sa voix est tellement grave et belle que j’en ai des frissons. Bon sang, je n’ose même pas me retourner car je sens que mes joues deviennent toutes rouges.
« Allô Faith, ici la Terre. Je te présente Jackson, mon frère et le tout puissant maire de la ville. »
Je la regarde et chuchote : « Attends ! Ton frère est le maire de Firestone ? »
Mes joues s’empourprent encore plus lorsque je réalise que je ne savais pas qui est le maire de cette ville dans laquelle j’ai été si bien accueillie, et qu’il se trouve juste derrière moi.
Je me retourne lentement face à lui en entendant Cléa étouffer un petit rire. En levant la tête, je me retrouve face à un Adonis en chair et en os. Il est magnifique et n’a rien à envier aux dieux.
Il a des cheveux mi-longs parfaitement coiffés et soignés, une petite barbe de trois jours qui épouse parfaitement sa mâchoire carrée et des yeux d’un bleu profond. Il a un teint mâte et semble avoir un corps d’acier alors que je devine ses muscles à travers son polo blanc cassé.
« Bonsoir euh, m…monsieur… »
« Monsieur Klint. Mais comme tu es amie avec ma très chère sœur, tu peux m’appeler Jackson ou Jack. C’est comme tu le souhaites. »
Je sens que mes joues sont brûlantes et tourne timidement la tête de façon que cela ne se voie pas trop. Cet homme… Je ne sais pas comment dire. Il me met mal à l’aise, mais pas dans le mauvais sens.
Argh ! Je perds complètement la tête là, ce n’est pas possible.
« Franchement Cléa, ton repas était délicieux. N’est-ce pas, Jackson ? »
« Oui, c’était divin. Tu t’es vraiment surpassée ce soir, petite sœur. »
« Oh, arrêtez ! Vous savez très bien que j’ai tout commandé chez le traiteur ! Et Jackson, fais très attention à ce que tu dis. La sécurité de ton surnom pourrait être compromise. »
Nous venons de passer quelques heures ensemble à rigoler et boire.
« Eh bien, je pense qu’il est temps pour moi de rentrer. Cléa, tu peux… »
« Hors de question, jeune fille ! Tu restes ici ce soir. J’ai beaucoup trop bu pour te ramener et Jackson a encore beaucoup de choses à faire. »
« T’es sûre que ça ne te dérange pas ? »
« Si je te le propose, c’est que ça ne me dérange pas. Puis je te rappelle que je t’ai proposé d’être ma coloc. »
« C’est pas faux. Merci. »
« Désolé les filles, le devoir m’appelle. Cléa, je t’appellerai demain et Faith, ravi d’avoir fait ta connaissance. Sur ce, bonne nuit à vous deux. »
Nous répondons « Merci » à l’unisson, puis passons le reste de la soirée à nettoyer, ranger et papoter avant d’aller nous coucher.
Cléa m’a préparé une chambre rien que pour moi, dans l’espoir que j’accepte enfin d’être sa colocataire. Je vois qu’elle y a mis tout son cœur car la décoration est parfaite et exactement à mon goût.
Même si je suis un peu pompette, je prends une bonne douche avant de me coucher. Il n’y a rien de mieux qu’une bonne douche avant de dormir mais malgré ça, je n’y parviens pas.
Pour être complètement honnête, je culpabilise envers Cléa car je me sens comme une très, très mauvaise amie.
Franchement, comment pourrais-je me sentir bien à son égard alors que j’ai pratiquement bavé en matant son frère toute la soirée ? Mon Dieu, comme je me désespère !
Bon après, on a pas mal bu donc c’est peut-être à cause de ça et du fait que je ne suis jamais sortie avec un gars ?
Argh ! Reprends-toi Faith, bon sang !
Sérieusement, à quoi je pense ? Il faut que je me sorte cet homme de la tête. Je ne peux pas avoir des pensées comme ça à son sujet. Premièrement, c’est le grand frère de ma meilleure amie et deuxièmement, c’est le maire de la ville.
Après avoir cogité pendant ce qui me semble durer une éternité, je finis par m’endormir complètement épuisée.
Je ne sais pas combien de temps j’ai dormi, mais je peux dire que ma tête et mon estomac n’ont absolument pas apprécié la dose d’alcool d’hier soir.
En regardant mon téléphone, je vois qu’il est 10H30.
Je constate également que j’ai reçu un texto de Cléa. Je me retiens de rire car c’est bien la première fois qu’elle me fait un coup comme ça. Qui envoie des textos alors qu’on se trouve au même endroit ? Franchement.
En ouvrant son message, je reste bouche-bée.
« Salut ma belle, le patron m’a appelée car la nouvelle serveuse qui devait commencer aujourd’hui lui a fait faux bond. Je reviens aussi vite que possible, promis ! En attendant, mon frère m’a gentiment proposé de venir pour te tenir compagnie. À plus, je t’aime ! »
Oh, génial ! Pile ce qu’il me fallait. Je m’écroule sur le lit, ma tête me fait mal.
J’ai dû finir par me rendormir car je me réveille en sursaut lorsque je sens une main chaude se poser sur mon épaule.
« Holà, tout doux, chaton. Range tes griffes, ce n’est que moi, Jackson. Je voulais simplement m’assurer que tu vas bien. Ton petit-déjeuner t’attend depuis… deux heures. »
« Bonjour à toi aussi. Pardon ? Oh non, vraiment désolée. Je me suis réveillée vers 10h30 mais je… »
« N’en dis pas plus. Tiens, je t’ai apporté un anti-douleur pour le mal de tête et quelque chose pour ton estomac. Mais tu devrais quand même manger quelque chose pour éviter d’avoir des crampes. »
« Merci, c’est très gentil de ta part. Je te rejoins dans la cuisine dans quelques minutes dans ce cas. »
« Pas de souci, chaton, à tout de suite. »
Il se retourne et s’en va en fermant doucement la porte. Je rêve ou ça fait deux fois qu’il m’appelle « chaton » ?
Non, c’est sûrement moi qui suis folle. Aïe, ma tête ! Bon sang, l’alcool c’est terminé pour moi.
Après avoir pris les cachets que Jackson m’a apportés, je vais rapidement me rafraîchir, me brosser les dents parce que j’ai vraiment une haleine de chacal, je m’habille puis le rejoins dans la cuisine une fois prête.
« J’espère que je n’ai pas été trop longue. »














































