Saint-Rock High 2 : Si différents mais si parfaits

Livre 2 : Si Différents, Mais si Parfaits

HANNA

« Êtes-vous prête à me dire pourquoi vous êtes ici ? » demande-t-il d'une voix posée. « Vous ne seriez pas là si elle ne pensait pas que c'était bon pour vous. Garder le silence ne vous aidera pas à aller de l'avant. C'est un endroit sûr. Ce que vous me dites reste entre nous. Je ne répéterai à personne ce que vous me confierez. »

Il se moque de moi ou quoi ? Sa façon de me parler m'agace. Il n'arrête pas de jacasser. Croit-il vraiment qu'en insistant, je vais tout lui déballer ? Je n'arrive pas à croire que ma sœur pense qu'il est la personne idéale pour m'aider.

Je n'ai aucune envie de parler de ce qui s'est passé il y a six mois. C'est ma vie privée. Rien que d'y penser fait remonter les souvenirs de ce jour-là. Je n'avais pas besoin de m'en rappeler.

« Monsieur et Madame Parker, merci d'être venus si rapidement », dit Mme Miles, la directrice de l'école, à mes parents.

« Qu'a-t-elle encore fait ? » demande ma mère, l'air déçu.

Super. Encore une soirée à me faire sermonner par mes parents. Je soupire, croise les bras et m'enfonce dans ma chaise.

« Elle a été surprise à harceler Mademoiselle Hallway à nouveau. Je suis navrée, mais comme ce n'est pas la première fois, je dois la suspendre pour une semaine. »

Pendant que ma mère continue de discuter avec Mme Miles, mon père reste muet. Son visage ne trahit aucune émotion. Ça sent le roussi pour moi. Génial !

Je sais que ce que j'ai fait n'était pas bien, mais je dois faire le nécessaire pour survivre dans cette école pourrie. Je suis au top ici. Je suis la capitaine des Vixen, l'équipe de pom-pom girls. Je suis la fille la plus populaire de l'école.

Rien ne m'empêchera de garder ma place au sommet. Je ferai tout ce qu'il faut pour tirer mon épingle du jeu dans cet endroit impitoyable.

Après notre entretien avec Mme Miles, nous montons dans le van de mes parents. L'ambiance est tendue. Je suis dans de beaux draps !

« Vous ne comprenez pas comment ça marche ici. Vous ne savez pas ce que c'est », dis-je, essayant de briser le silence.

Mince ! Vu le regard que me lance mon père, j'aurais mieux fait de me taire.

« Et tu penses que ça justifie ce que tu as fait ? » Ce n'est pas vraiment une question.

« Bah. De toute façon, vous ne comprenez rien ! » Je regrette ces mots à peine sortis de ma bouche.

« Surveille ton langage, jeune fille », me prévient ma mère.

« Hanna, fais attention à ce que tu dis. Je ne suis pas un de tes copains. Tu dois apprendre le respect. Tu es punie. Plus de téléphone pendant une semaine. Donne-le à ta mère. Maintenant ! » exige mon père.

« Hors de question. » Je refuse.

« Si tu continues comme ça, tu ne l'auras pas pendant un mois », me prévient-il en me regardant dans le rétroviseur.

« Je vous déteste... PAPA, ATTENTION ! » Je hurle alors qu'un camion fonce droit sur nous.

Ensuite, tout devient noir...

Quand je me réveille, je suis dans un lit d'hôpital. Ma sœur Tess est assise à côté de moi, tenant ma main. Ses yeux bleu foncé sont tristes, ses cheveux bruns ondulés encadrant son visage.

« Tess ? Où suis-je ? Pourquoi es-tu là ? » Ma tête me fait mal alors que j'essaie de comprendre ce qui se passe.

Tess sursaute en m'entendant parler. Elle me serre fort dans ses bras, ce qui est inhabituel. Nous n'avons jamais été proches.

« Dieu merci, tu es réveillée », dit-elle. Elle ne me lâche pas.

« Aïe ! Pas si fort, ça fait mal », je gémis de douleur.

« Oh, désolée. » Elle me relâche et se rassoit.

« Où sont Maman et Papa ? Pourquoi ne sont-ils pas là ? » Je regarde autour de la chambre, m'attendant à les voir.

C'est ça la question. Pourquoi est-elle là et pas eux ?

Tess commence à pleurer. Elle essuie ses larmes, respirant profondément pour se calmer.

« J'ai quelque chose à te dire », sa voix tremble. « Toi, Maman et Papa avez eu un accident... »

« Non ! Non ! Non ! Je t'en prie, ne le dis pas ! Je t'en supplie, ne dis pas ça ! » Je me couvre les oreilles, ne voulant pas entendre ce qu'elle s'apprête à dire.

« Maman et Papa n'ont pas survécu. » Elle ne peut plus retenir ses larmes maintenant. Tess me serre à nouveau dans ses bras.

Chaque partie de mon corps me fait mal, mais j'accepte la douleur.

Je préfère ressentir de la douleur plutôt que de ne rien ressentir du tout.

Depuis l'accident, j'ai une grande cicatrice sur ma jambe gauche qui ressemble à un arbre sans feuilles. Je marche maintenant avec un léger boitement.

La personne que j'étais a disparu. Je me fiche d'être populaire, des pom-pom girls, du maquillage ou de tout ce que je faisais avant.

Je veux être quelqu'un dont mes parents seraient fiers. Maintenant, c'est ma sœur qui est responsable de moi. Étrange, non ?

Je dois déménager dans une ville appelée Saint-Rock.

Avant de partir, il y a une dernière chose que je dois faire. Même si Tess et moi ne nous sommes jamais bien entendues, je suis contente qu'elle soit là avec moi pour ça.

Je veux rendre mes parents fiers.

Mes mains sont moites, mes doigts tremblent alors que je sonne à la porte. Chaque seconde semble durer une éternité.

« Tu as du culot de venir ici. » La mère de Tracy Hallway me lance un regard furieux en ouvrant la porte.

« Madame Hallway », commence Tess Parker, ma sœur, « je sais que vous ne voulez pas d'elle ici, mais elle est venue s'excuser auprès de votre fille. »

« Maman, c'est bon », Tracy me défend étonnamment.

Avant que sa mère ne puisse dire quoi que ce soit d'autre, Tracy lui chuchote quelque chose. J'entends les mots « c'est elle », et Mme Hallway me regarde avec pitié.

Je déteste quand les gens font ça.

« Bien sûr, entrez. » La mère de Tracy s'écarte pour nous laisser passer.

Alors je fais ce pour quoi je suis venue. Je m'excuse auprès de Tracy pour tout ce que je lui ai fait, surtout pour avoir été méchante avec elle devant tout le monde à l'école.

Je me sens un peu mieux en quittant la maison de Tracy.

Nous avons fait nos adieux à nos parents comme il se doit, les enterrant dans la ville où ils vivaient.

Me voilà donc. Je suis assise sur ce canapé, face à un thérapeute que ma sœur juge nécessaire, un homme que je n'aime pas.

Je regarde l'horloge au-dessus de la porte, observant le temps passer, mais je n'ai pas dit un mot à cet homme.

Pourquoi le ferais-je ?