Myranda Rae
Noëlle
« Les loups-garous sont les enfants chéris de la lune.
« Le premier d'entre nous, le premier Alpha, était un homme qui aimait tellement la lune qu'elle lui a fait le don de l'immortalité en lui permettant de se transformer en loup.
« Contrairement aux autres animaux qui se prélassent dans la gloire du soleil, le loup hurle ses louanges à la lune.
« Elle a transformé le premier Alpha et sa femme en loups pour leur permettre de danser dans sa lumière en prenant ces deux formes.
« Au fil des siècles, notre population s'est développée en quatre tribus, chaque tribu en douze meutes. Le roi Alpha régnait sur toutes.
« La lune choisit qui aura le rôle de l’Alpha. Elle cherche dans nos âmes les plus grands d'entre nous et accorde les dons d'autorité, de commandement, de loyauté et de sagesse. »
Je regarde Alex pendant que mon oncle parle, sa mâchoire se crispe quand il entend parler de l’Alpha. Je me demande s'il sera un Alpha comme son père. Ce n’est pas parce que son père en est un qu'il le sera.
Soudain, je comprends et je me sens nauséeuse.
Je ne sens pas d'aura d’Alpha chez Alex. Il y a bien quelque chose, mais ce n'est pas clair comme chez son père. Soit il n'est pas un Alpha, soit il est humain, soit il ne s'est pas encore transformé.
Ma main tremble nerveusement. Je ne peux pas l'expliquer, mais je sens son loup. Ses papiers n'ont pas été modifiés. Son dix-septième anniversaire est demain, son vrai anniversaire. Il ne s'est pas encore transformé.
À moins que la résistance n'ait un autre type de formation face à l’argent que le mien, il réagira à l'argent.
Je le fixe, la terreur marquant mon visage. Je n'écoute pas du tout mon oncle. Je l’entends parler, mais ses mots sont déformés par le martèlement de mon pouls dans mes oreilles. Je prie silencieusement la lune.
Je vous en prie, faites que je me trompe. Faites qu'il soit humain.
Je regarde l'horloge sur le mur. Le garde vient à huit heures. Il est plus de sept heures. Je regarde dans la pièce, me demandant si tout le monde peut entendre mon cœur qui bat dans ma poitrine.
Pour la première fois depuis son arrivée, Alex me regarde dans les yeux. Son visage est sérieux, voire froid, mais ses yeux le trahissent.
Il est nerveux. Il sait qu'il est un loup. Il sait ce qui l'attend. Nous nous fixons l'un l'autre, sans parler ni bouger. Nous n'avons pas besoin de dire quoi que ce soit. Nous nous comprenons.
Il hoche légèrement la tête. Sans savoir pourquoi, ce geste me réconforte.
Je me demande s'il sait que mes papiers sont falsifiés, s’il est au courant de ma formation ? La culpabilité inonde mon corps.
Je ne sais pas comment ma tante choisit les loups qui obtiennent cette opportunité, mais je suis sûre qu'il y avait un peu de népotisme dans ma bonne fortune.
Je ne suis pas particulièrement remarquable, pas exceptionnellement intelligente, forte ou rapide. Il n'y aurait aucune raison pour que quelqu'un me choisisse pour cela.
« Alex Killion et Noëlle Seneca, présentez-vous maintenant, à l'avant-poste de sécurité. Alex Killion et Noëlle Seneca, au rapport, maintenant. »
La voix dans le haut-parleur à l'extérieur me glace le sang.
« Allons-y. Ne les faites pas attendre », dit l’oncle James en se levant et en m'attrapant doucement le bras. Ma tante me serre fort dans ses bras avant de me tendre un petit paquet, mon uniforme jaune.
« Donne ça aux gardes. »
Sans un mot ou une hésitation visible, Alex se dirige vers la porte et s'arrête, me regardant, vérifiant sans dire un mot que je suis prête, avant d'ouvrir la porte.
En sortant dans l'air frais de la nuit, je vois des gens partout, regardant par les fenêtres et les portes, se tenant debout dans la rue.
Alex se place devant moi de manière protectrice alors que nous nous dirigeons vers la petite cabine où un garde attend.
Après avoir pénétré dans l'espace bondé, on prend nos empreintes digitales pour confirmer notre identité. Je remarque qu'un grand van noir s'arrête à l'extérieur de la cabine.
Avec un hochement de tête silencieux, mon oncle recule, laissant les gardes enchaîner nos mains et les attacher à une chaîne boulonnée au plancher de la camionnette.
J’ai la tête qui tourne alors que le van se fraie un chemin dans les rues, se dirigeant vers l'enceinte du château.
« Tout va bien se passer. Tu vas t'en sortir », dit Alex, me faisant comprendre que je respire de façon irrégulière. Sa voix est différente de celle à laquelle je m'attendais. Grave et rauque mais si douce. C'est assurément un Alpha.
Le van s'arrête à un poste de contrôle de sécurité. On nous fait sortir du van puis on nous fouille manuellement et avec des détecteurs de métaux.
Le garde vampire qui me fouille est rude, il me secoue dans tous les sens.
« C'est bon », dit-il, en me poussant vers la porte. « Vas-y ! »
Je trébuche légèrement et Alex m'attrape le bras.
« Je vais bien. Je vais bien », lui dis-je rapidement pour le rassurer.
Nous traversons une immense cour en pierre. Il fait sombre dans l'ombre du château. Je ne prends pas la peine de regarder autour de moi.
Les loups ont une excellente vue, mais la vision nocturne n'est possible que sous forme de loup. Nous marchons jusqu'à une porte, qui mène à un couloir sombre et étroit.
Je crie lorsque je sens quelque chose de froid autour de mon cou. Je m’écrase contre le mur alors que je commence à paniquer.
« Calme-toi, Noëlle », crie Alex avant que l'on ne me pousse dans une pièce.
Il y a des lumières tamisées dans cette pièce et j’aperçois un poteau métallique accroché à la boucle autour de mon cou. C'est une perche à collier, fantastique.
En inspirant pour me calmer je réalise que la boucle autour de mon cou me picote légèrement la peau. C'est de l'argent.
C'est le test.