Sasha Lovett est livrée à elle-même depuis longtemps. Orpheline et solitaire pendant la majeure partie de sa vie, elle a dû se construire une existence du mieux possible dans le monde des humains. Mais cette petite vie s'effondre lorsqu'elle est embauchée dans une entreprise dirigée par une meute puissante, avec à sa tête un alpha encore plus puissant comme PDG. Un alpha qui s'avère être son compagnon, et qui n'est pas ravi d'être lié à une solitaire. Pourra-t-elle surmonter sa peur et sa méfiance envers les meutes et les loups qui les composent ? Parviendra-t-elle à conquérir son compagnon réticent ? Et lorsque les secrets de leurs passés respectifs seront révélés, leur relation se terminera-t-elle par l'amour ou la haine ?
Classement par âge : 18+.
SASHA
« Cours, ma puce. »
« Mais Maman, je n'en peux plus ! »
« Je sais, mon cœur, mais on n'a pas le choix. Allez, encore un petit effort. »
Sasha courait dans la forêt, s'accrochant à la main de sa mère. Ses petites jambes de quatre ans peinaient à suivre le rythme.
« Elsie, par ici. »
Sasha aperçut son père sur la droite, leur faisant signe de le rejoindre. Sa mère la souleva et la serra contre elle en courant vers son mari.
« Ils nous ont repérés ? »
« Ils nous ont donné jusqu'à l'aube pour quitter le territoire de la meute. On devrait atteindre la frontière sud dans une heure si on se transforme. Je porterai Sasha. »
Sasha fut installée sur le dos de son père après qu'il se soit changé en loup, et elle s'agrippa fermement à sa fourrure tandis que ses parents filaient vers la frontière sud avant le lever du jour. Elle s'endormit, ignorant à quel point sa vie allait basculer.
***
« Mademoiselle Lovett, j'ai besoin de ces dossiers tout de suite ! »
« J'arrive ! » lançai-je en me précipitant hors de mon bureau. Cet homme me tapait vraiment sur les nerfs, et il me fallait tout mon sang-froid pour que ma louve ne lui saute pas à la gorge chaque jour.
M. Bettany était un petit bonhomme bedonnant, bruyant et irrespectueux envers ses employés et tout le monde en général.
« Ce n'est pas trop tôt... » grogna-t-il en m'arrachant les papiers des mains.
J'avais une folle envie de claquer la porte, de dire ses quatre vérités à ce type odieux et de lui montrer qu'il avait plus besoin de moi que l'inverse. Mais ce n'était pas vrai. J'avais besoin de ce boulot.
Je n'avais personne d'autre sur qui compter et nulle part où aller.
« Veuillez m'excuser pour l'attente, monsieur Bettany. Puis-je faire autre chose pour vous ? »
« Non », marmonna-t-il en me congédiant d'un geste de la main.
Je regagnai mon bureau et poussai un grand soupir avant de passer mes mains dans mes longs cheveux blonds.
« Tu es sûre qu'on ne peut pas lui régler son compte ? »
Je ris doucement à la remarque de ma louve, Raya. « Si seulement », murmurai-je.
À vrai dire, je savais que je ne devrais pas me plaindre. Ce n'était même pas le pire boulot que j'aie jamais eu. Travailler comme femme de ménage dans un spa, ça c'était l'enfer. Les humains sont vraiment des cochons.
Je cherchais toujours un autre travail cependant. Un qui m'offrirait plus de stabilité et peut-être un meilleur salaire.
Ce serait chouette de pouvoir me payer un appart plus sympa. Ou même des trucs basiques comme des fringues neuves et de la bonne bouffe.
« Mademoiselle Lovett ! »
Levant les yeux au ciel, je me levai et me dirigeai vers le bureau de M. Bettany, veillant à afficher le sourire de façade que j'avais perfectionné. « Oui, monsieur Bettany ? »
« J'ai une réunion demain matin à neuf heures. Vous préparerez la salle de conférence et vous veillerez à ce que tout soit nickel. Voici les détails. »
Je pris le dossier de M. Bettany et, répondant « Bien, monsieur », je retournai à mon bureau.
Je savais qu'une réunion aux aurores signifiait que je devrais venir plus tôt pour tout préparer - chose dont je me serais bien passée. M. Bettany n'aimait pas payer d'heures sup.
Je décidai de prendre de l'avance en faisant toutes les photocopies et les livrets pour la réunion maintenant, comme ça demain je n'aurais qu'à apporter le chariot à café et disposer les dossiers sur la table.
Quelques heures plus tard, je jetai un œil à l'horloge et vis qu'il était presque dix-sept heures.
« Enfin... », dis-je doucement, attrapant mon manteau et mon sac avant de frapper à la porte du bureau de mon patron. « Avez-vous besoin d'autre chose aujourd'hui, monsieur Bettany ? »
« Non. Vous pouvez disposer. »
« Bonne soirée, monsieur », dis-je avec un sourire avant de quitter le bureau et de me diriger vers l'ascenseur.
Quand les portes se fermèrent, je soufflai et m'appuyai contre la rambarde. « J'ai besoin d'aller courir. »
« Oh oui, s'il te plaît ! Ça fait une éternité ! » s'exclama Raya.
Je ris. « On y est allées mardi dernier. »
« Deux jours sans courir, c'est deux de trop. »
Je levai les yeux au ciel. « D'accord. Mais pas de roulades dans la boue cette fois. Tu sais à quel point c'était la galère de rentrer dans l'immeuble comme ça ? » Je sentis Raya ricaner à ce souvenir.
Être seule signifiait que je ne pouvais pas courir sur des terres sûres. Je devais faire une demi-heure de route jusqu'au parc d'État le plus proche et prier pour que personne ne me repère.
Ça voulait dire aussi que je ne pouvais pas y aller aussi souvent que je le voulais. Heureusement, aller à la salle de sport aidait un peu. J'arrivai à mon appart et me changeai, enfilant des fringues confortables avant de vérifier mon portable en sortant.
Pas de nouveaux messages. « Zut... », marmonnai-je. J'espérais que quelqu'un avait répondu à l'une de mes nombreuses candidatures. « On dirait que je vais vraiment devoir retourner au boulot demain. »
Après avoir roulé une demi-heure jusqu'au parc d'État et m'être déshabillée, je me transformai en louve, me sentant libre et heureuse.
« N'oublie pas... pas de boue ! »
Raya émit un grognement joueur avant que nous nous élancions dans les bois. Nous courûmes pendant des heures, chassant des bestioles et barbotant dans un ruisseau, avant de retourner à la voiture.
Je repris forme humaine, essoufflée par la course, m'habillai et rentrai en voiture.
Après m'être douchée, je me laissai tomber sur le lit en poussant un soupir de bien-être. Courir était si bon mais aussi apaisant. J'aurais aimé pouvoir le faire plus souvent.
« Peut-être que quand on trouvera notre compagnon, on pourra y aller quand on voudra », dit Raya avec espoir, entendant mes pensées.
« Je ne pense pas que ça arrivera un jour », répondis-je en m'endormant.