La Possession de Dante

HAZEL

« Pourquoi continues-tu à la questionner ? » Annette prend à nouveau ma défense. Chloé boit son vin sans nous quitter des yeux. Dante garde son regard rivé sur le mien.

« Tout simplement parce qu'il y a quelque chose qui cloche ici. Normal que je veuille savoir quoi, non ? » Il hausse les sourcils en me regardant, et Chloé m'attrape le bras, et m'attire à elle.

« Viens, éloignons-nous de mon psychopathe de frère », murmure-t-elle à mon oreille, m'entraînant loin de la table. Nous quittons le restaurant et sortons dans l'air froid. Je me frotte les bras pour me réchauffer.

« Ignore-le. Il fait ça parce qu’il s’inquiète pour toi, mais il peut être assez lourd. » Chloé me fait un sourire compatissant et je hoche la tête en regardant l'entrée du restaurant.

Nous attendons patiemment qu'Annette et Dante sortent, et nous nous dirigeons tous vers la voiture. Annette semble ulcérée, et Dante est tendu.

Sa démarche assurée me semble plus narquoise que jamais, c'est pourquoi je décide de rester derrière lui pour qu'il ne voie pas à quel point mes mains tremblent.

Pourquoi veut-il soudain connaître ma vie privée ? Il n'a aucun droit de m’interroger, et même s’il persiste, je ne veux rien avoir à faire avec lui et cet homme effrayant qu'est Kenzo.

J'ai entendu parler de Rebecca et de Trish quand elles ont disparu, après avoir traîné avec eux. Apparemment, à leur retour, elles n'étaient plus les mêmes. Les hommes de la Societa Oscura n’apportent aux autres que des ennuis !

Le retour se fait dans le silence, et maintenant Chloé et moi nous préparons à sortir en boîte. Je regarde la jolie robe noire qui épouse mon corps, je sors mes papiers d'identité de mon sac à main et je descends péniblement les escaliers sur mes talons hauts.

Chloé est encore en train de se préparer et je veux prendre un verre d'eau avant de sortir.

J'ai entendu dire que si on boit un verre d'eau, la gueule de bois ne sera pas si terrible le lendemain, alors j'essaie pour voir si ça fait une différence.

Je sors un verre du placard, je le remplis d'eau et je le bois d'un seul trait. Annette s'est enfermée dans sa chambre à la seconde où nous sommes rentrés à la maison, imitée par Dante.

Chloé et moi avons commencé à nous préparer, et me voilà enfin transformée en femme.

« Tu ne sortiras pas », entends-je dans l'embrasure de la porte, ce qui me fait sursauter parce que je sais que c'est Dante.

« Qu'est-ce que tu veux encore ? » Je croise les bras et me retourne pour le voir se tenir pratiquement collé à moi. Je saute en arrière et me plaque au mur tandis qu'il place une main de chaque côté de ma tête.

Son souffle caresse mon visage, frais et mentholé. Il porte une chemise noire à manches longues, une cravate noire, un pantalon de costume noir et des chaussures noires, brillantes.

« Que tu ne sortes pas. Surtout dans cet état. Je n'ai pas envie de tirer des balles ce soir parce que je suis trop fatigué pour ces conneries, Hazel. »

Il me regarde de haut en bas, et j'ai l'impression qu'il n'approuve pas ma tenue, même si ça ne le regarde pas. J'avoue que j'ai du mal à le croire.

« On sort, Dante. » Je tente de me libérer en poussant son torse, et il ne bouge pas. Ça n'aide pas qu'il ait un physique aussi imposant, un seul de ses bras est plus gros que les deux miens réunis.

Son torse était aussi dur qu'un rocher quand je l'ai repoussé. Mon esprit s'emballe en pensant à son ventre sous sa chemise.

Je me souviens encore à quoi il ressemblait lorsque je l'ai vu torse nu dans sa chambre, il y a environ deux ans.

Je ne devrais pas y rêver autant, je sais pertinemment que je ne veux pas affronter la réalité et découvrir qu'il est encore mieux pourvu que ce que j'aurais pu imaginer.

« Tu ne sortiras pas. » Il effleure ma joue de son menton, m’éraflant légèrement de sa barbe naissante, et je sens son souffle sur le côté de mon cou. Son langage corporel me dit qu'il est prêt à se battre si j’osais lui désobéir.

Pour qui se prend-il, à essayer de me dire ce que je dois faire ? Je ne suis pas un animal domestique et je ne le serai jamais.

« Si, nous allons sortir », lui dis-je avec détermination. Je ne l'écoute pas.

« Très bien ! Kenzo, Mac et moi allons vous emmener. » Dante me coince entre lui et le comptoir de la cuisine. Je ne peux pas bouger !

« Non, hors de question. » Je plante mon regard fermement dans le sien, pour essayer de regagner un peu d’autorité. Je me sens mal parce que mon estomac est noué.

« Je ne fais confiance à aucun connard en dehors de ces quatre murs, Hazel. Je ne vous laisserai pas sortir sans aucune escorte. » Le regard de Dante exprime quelque chose, mais il détourne les yeux avant que je ne puisse comprendre de quoi il s'agit.

« Nous n'avons pas besoin de baby-sitter. » Je hausse les épaules, et Dante secoue la tête en serrant les poings.

« Je n'ai jamais dit ça. J'ai dit que nous monterions la garde. J'ai trop d'ennemis. Je ne peux pas vous laisser toutes les deux vous promener seules dans les rues la nuit. Pas alors que je suis responsable de votre sécurité. »

Je vois ce qu'il veut dire. Il craint que Chloé et moi soyons victimes d'un réseau de trafiquants, mais nous sommes redoutables toutes les deux quand nous sommes ensemble.

« Laisse-nous tranquilles. Tout ira bien. » Je détourne la tête. Je n'ai pas besoin d'un baby-sitter.

« Aucune chance. Je m'habille, j'appelle les garçons et nous irons tous ensemble. »

« Non ! » lui dis-je fermement.

« Si. Si tu oses essayer de franchir cette porte, je te tire une balle dans la jambe. Je suis sérieux, bébé, n’essaye pas de me doubler. » Je souffle d'agacement lorsque Dante me fait un clin d'œil. Il m'énerve.

« Je te déteste, tu le sais, n'est-ce pas ? » Je croise les bras sur ma poitrine, plus agacée qu’excitée par sa présence désormais. Comment ose-t-il se mêler de ma vie et me dire ce que je dois faire !

« C'est réciproque, ma chérie. »

Je détourne mon regard de lui et me retourne pour remplir à nouveau mon verre. Ma bouche est devenue excessivement sèche, cela me donne mal à la gorge, et rend ma voix rauque.

Il est très proche de moi, et par proche, je veux dire trop proche. Je sens la chaleur de son corps échauffer le mien. Il me met mal à l'aise et je ne sais pas trop quoi faire.

Je n'ai jamais rencontré un homme qui aime autant me contrarier et me dire ce que je peux ou ne peux pas faire. Il m'énerve !

Je pose mon verre sur le comptoir de la cuisine quand je sens sa main gauche s'enrouler autour de ma taille. Il prend mes cheveux fermement dans son autre main et me tire la tête en arrière.

Je me fige sur place alors qu'il pose sa main sur le devant de mon cou. Cela se passe si vite que je n'ai pas le temps de réagir, et le temps que mon esprit comprenne ce qu’il se passe, je me retrouve face à lui.

Le souffle coupé, je regarde directement dans ses yeux verts tandis qu'il me dévisage.

Mon cœur se fracasse dans ma poitrine, ma gorge est nouée et je ne sais plus où je suis ni comment je m’appelle.

« Tu vas encore essayer de me dire non, hein ? » me demande-t-il d'une voix rauque, mais il s'agit plutôt d'une menace. Il m'a bien dit qu'il me tirerait dessus si j'essayais de quitter la maison, après tout.

Il tient fermement mes cheveux et les enroule autour de son poing pour m’empêcher de bouger. Cela ne fait pas mal, mais je me sens en danger.

Il avance encore pour me coincer entre lui et le comptoir de la cuisine et sourit. Il m'a piégée et je me sens comme une souris devant un chat.

Je n'entends que nos respirations qui se synchronisent petit à petit, mes paumes sont en sueur et mon corps tremble. Je ne sais pas si c'est à cause de l'excitation ou parce que j’ai peur.

Comme je l'ai déjà dit, je n'ai aucune idée de ce dont cet homme est capable, et je n'aurais pas dû le provoquer il y a des années, car je crains maintenant qu’il décide de me le faire payer.

« Je prends ça pour un non. Tu es une bonne fille, il faut que tu te comportes bien », me dit-il. Ses yeux me disent de ne pas discuter, mais c'est dans ma nature, et je ne céderai jamais à un homme qui n’utilise son pouvoir que pour me soumettre.