La princesse disparue - Couverture du livre

La princesse disparue

Holly Prange

Chapitre 6

EVERLY

Le trajet jusqu’à ma nouvelle maison est long et inconfortable. Mon nouveau maître m’a menottée à lui pour que je n’ai aucune chance de m’échapper.

J’ai l’impression qu’on est assis là en silence depuis toujours, alors que j’essaye de me tenir le plus loin de lui qu’il soit possible humainement, sans détacher mon bras.

Soudain, sa voix grave et rauque se fait entendre et me fait sursauter.

« On sera bientôt arrivés et il y a plusieurs choses que je veux que tu saches. Un, tu es à moi. Tant que je n’ai pas décidé que j’en ai marre de toi, tu ne laisseras personne d’autre te toucher. Aucun mâle ne devrait même te parler. Si je découvre que tu as fréquenté un de mes hommes, tu seras sévèrement punie. Compris ? »

Je hoche rapidement la tête en signe d'accord. « Je n’entends pas quand tu hoches la tête. Utilise des mots. Et j’aimerais que tu m’appelles toujours Maître. »

« Oui, oui, Maître », je récite, pas pressée de voir à quoi ressemble une punition appropriée selon ce mec.

« Bien. Deux, quand je n’ai pas besoin de toi, tu aideras les autres esclaves à la cuisine et au ménage. Ma partenaire, Luna Mara, a la responsabilité des esclaves pendant ce temps. Tu lui montreras toujours du respect et tu ne commenteras pas ce que l’on fait ensemble. Si tu la mets en colère d’une façon ou d’une autre, tu seras punie », continue-t-il. Ma bouche s’ouvre sous la surprise.

Il a une partenaire ???

« Heu… Si vous avez une partenaire, pourq— », je commence.

« TROIS, NE PARLE PAS SANS EN AVOIR LA PERMISSION ! » me hurle-t-il en me coupant la parole.

L’air autour de moi semble vibrer de puissance, et je réalise qu'il utilise son commandement alpha sur moi.

Je ne connais pas bien les loups-garous, mais j'ai entendu dire que les alphas ont la capacité de faire en sorte que n'importe qui les écoute et leur obéisse.

Les seules personnes sur lesquelles ça ne marche pas sont celles qui ont un pouvoir égal ou supérieur, ou les loups qui ont leur propre alpha.

Cela devrait donc marcher sur moi, pourtant je vois bien que ce n’est pas le cas. Je me le note rapidement dans un coin de ma tête au cas où cela soit utile en chemin.

« EST-CE QUE JE ME SUIS BIEN FAIT COMPRENDRE ??? » crie-t-il, ce qui ramène rapidement mon attention sur lui.

J’opine frénétiquement avant que mes yeux s’écarquillent à l’instant où je réalise mon erreur.

Avant que j’aie le temps de corriger, il attrape mon visage d’une main et me tient brutalement en serrant ma mâchoire.

« QU’EST-CE QUE J’AI DIT SUR LES HOCHEMENTS DE TÊTE ?! »

Il me regarde une seconde avant de me relâcher pour que je puisse parler. « Je suis désolée, Maître. Cela ne se produira plus, Maître », je récite.

On avait des clients qui étaient comme ça. J’ai toujours su rapidement m’adapter.

Je pense que de savoir que ma virginité n’est plus protégée me touche, cependant.

Quand j'étais à la Banque du Sang, j'ai toujours su que j'étais à l'abri de cette torture particulière.

Il y avait beaucoup de choses que je devais faire, mais le sexe n'en faisait pas partie. C'est ce qui m'a aidé à être si confiante.

J'étais déterminée à montrer ma valeur et à me protéger du viol aussi longtemps que possible.

J’ai toujours espéré que je trouverais le moyen de m’enfuir avant que ce moment n’arrive.

Soudain, il me donne une claque. Forte. J’ai l’impression que mon visage va exploser sous l’impact. Mes yeux s’emplissent instantanément de larmes.

« Fais en sorte que ce ne soit pas le cas », ordonne-t-il avant de se rasseoir sur son siège. Apparemment, la conversation est terminée maintenant.

Quelques minutes plus tard, nous arrivons devant un manoir de style gothique. Des forêts s’étalent devant sur des kilomètres et des kilomètres. Je n’arrive même pas à voir où cela se termine.

Le manoir a quatre étages et est construit en pierre sombre.

Des gargouilles sont installées de chaque côté de l’entrée, et on voit quelques autres plus loin, sur les côtés.

Le Maître ouvre sa portière et sort de la voiture, m'entraînant avec lui alors que je me dépêche de réduire la distance lorsque mon bras est tiré loin de moi.

Une fois sortie, l'homme que j'ai vu à la vente aux enchères s'approche du Maître.

Ses yeux s'assombrissent de convoitise alors qu'ils parcourent lentement mon corps de haut en bas avec un sourire en coin. Il tourne ensuite son attention vers son alpha.

« Je pense qu'elle est la plus jolie que vous ayez achetée jusqu'à présent, monsieur », remarque-t-il avant de me regarder à nouveau.

L'alpha rit doucement avant de tapoter l'épaule de l'homme.

« Elle l’est, c’est sûr. Et tu auras ton tour avec elle quand j’en aurais assez. Ensuite, quand tu en auras terminé avec elle, elle pourra passer avec tous les autres », répond le Maître tandis que mes yeux s’écarquillent et que mon visage chauffe.

Je me sens instantanément nauséeuse. Je lutte contre l'envie de me pencher pour vomir et j’essaye de reprendre le contrôle de moi-même. Tiens bon, Everly.

Je dois trouver un moyen de m’échapper avant de passer de main en main comme un jouet usé.

Dès que la conversation avec cet homme est terminée, il me conduit dans la maison et en haut d’un escalier à spirale.

Nous nous arrêtons au deuxième étage et il me guide dans une pièce à droite dans le couloir.

Mes yeux commencent immédiatement à scanner la pièce, à la recherche de tout ce qui pourrait m’être utile pour m’échapper, une arme ou une issue de secours, n'importe quoi.

Il y a un grand lit à baldaquin auquel sont suspendues des chaînes, et je déglutis péniblement. Un banc en bois ordinaire se trouve au pied du lit.

Et un bureau est posé le long du mur, avec des fenêtres de chaque côté. À droite, il y a deux portes.

Le maître s'approche et en ouvre une pour me montrer une salle de bain.

L'autre était à l'origine un placard mais semble avoir été convertie en chambre à coucher pour une esclave.

C’est d’une taille correcte, mais il n'y a rien d'autre qu'un matelas à deux places sur le sol avec un oreiller bosselé et une couverture qui a clairement connu des jours meilleurs.

Je retiens un soupir. Je ne veux pas avoir de raison de mettre mon nouveau maître en colère, et je n'ai pas encore trouvé ce qui peut le mettre en colère.

Au moins, les conditions de sommeil sont meilleures que celles que j'avais chez les vampires.

« C'est ici que tu dormiras jusqu'à ce que j'en aie fini avec toi. De cette façon, tu seras toujours à proximité quand je te voudrai.

Après ça, tu dormiras dans les cachots avec les autres esclaves », explique-t-il.

Je ne réponds rien et me retiens pour ne pas hocher la tête en signe d’accord.

Il se tourne vers moi et met sa main libre dans la poche de son pantalon pour en ressortir une clé qu’il tient devant moi.

« Je vais défaire ces menottes maintenant. Si tu essayes de t’enfuir, je te le ferai regretter. »

« Oui, Maître. »

« Bien. »

Il libère d’abord son propre poignet avant de défaire le mien.

Il prend immédiatement ma main et me conduit vers le bureau pour déposer les menottes dans un petit tiroir.

Dès que le tiroir est fermé, il m’attire vers lui, ce qui fait que je suis prise en sandwich entre lui et le bureau.

Ma respiration s’accélère alors, tout comme les battements de mon cœur. Je suis absolument terrifiée à l’idée de ce qui va se passer. Il faut que je trouve un moyen pour gagner du temps.

Vite.

« Maître ? » je commence, en espérant qu’il ne va pas me punir pour avoir parlé sans y être invitée.

« Oui, esclave ? »

« Qu’est-ce que vous aimez faire ? »

Il sourit avant de faire un signe de tête. « Pourquoi tu veux savoir ça, petite esclave ? »

Son ton est provocateur et me fait grincer des dents. Pourtant, je me force à faire un doux sourire et à le regarder.

Je lève la main et passe lentement mes doigts le long d'un des revers de son costume en luttant contre l'envie de vomir une fois de plus.

Je lève les yeux pour rencontrer ses yeux gris et froids. « Eh bien, comment puis-je vous faire plaisir si je ne sais pas ce que vous aimez ? »

Son sourire s'élargit et il laisse échapper un petit rire. Il se penche plus près de moi pour que ses lèvres soient près de mon oreille.

Je peux sentir son souffle chaud le long de ma joue, et je frissonne de dégoût.

« Le sexe. J'aime le sexe. Toutes les sortes de sexe. Et ne t'inquiète pas de me faire plaisir, parce que je sais que tu le feras, ma petite pute. »

Puis il me soulève et me jette sur le bureau derrière moi.

Une main s’enroule autour de ma gorge et la serre, pas assez pour m’étouffer, mais assez pour que j’aie du mal à respirer.

Il se penche sur moi, son nez effleure ma mâchoire tandis qu’il respire mon odeur et que sa main libre commence à peloter mes seins.

Ma main se referme sur son bras, alors que j’essaye de desserrer son emprise sur mon cou.

« S’il vous plait… », j’essaye de dire, même si les mots sont presque inaudibles. Je veux le supplier d’arrêter, de me laisser du temps, mais je sais que c’est inutile.

« Tu essayes de gagner du temps, esclave. Tu es assez intelligente, mais pas assez », grogne-t-il avant de mordre le lobe de mon oreille.

Ses doigts autour de ma gorge se détachent enfin. Il se redresse en me regardant et je vois avec horreur ses doigts se transformer en griffes acérées.

Il se penche en avant et utilise ses ongles pointus pour déchirer le fin tissu de ma robe.

Je hurle de douleur en les sentant s'accrocher à la peau de l'intérieur de mes cuisses alors qu'il déchire ma robe dans son milieu.

Il sourit méchamment avant de remonter sur moi. Une main saisit les deux miennes avant de les coincer au-dessus de ma tête.

Je me tords sous lui en essayant de m'éloigner de sa main errante, qui a heureusement rétracté ses griffes maintenant.

Elle descend lentement vers le bas de mon corps et ma peau frémit de répulsion.

Il penche sa tête en avant et appuie le plat de sa langue sur la pointe de mon sein à travers le fin tissu que je porte toujours.

Je sens mes yeux se remplir de larmes et j’essaye de les faire partir, mais l’une d’elles roule sur ma joue.

Je continue à me débattre sous lui. Malheureusement, il est trop lourd et trop fort.

Sa main libre glisse entre mes jambes et enveloppe ma zone la plus intime, tandis que ses doigts rugueux cherchent l'entrée.

Des larmes commencent à couler sur mon visage quand soudain, une grande rafale de vent fait claquer les fenêtres.

L'une des vitres se brise, envoyant des morceaux de verre sur le sol. Le maître se lève rapidement et regarde, abasourdi, la fenêtre désormais brisée.

« C’est quoi ce bordel ?! »

À côté de moi, sur le bureau, il y a un coupe-papier en métal. C’était la distraction dont j’avais besoin.

Sans réfléchir, je saisis l’arme et la plante dans sa gorge avant de me précipiter vers la porte.

J’atteins le bas des escaliers lorsque j’entends un rugissement puissant qui secoue toute la maison. Je ne regarde pas derrière moi. Je n'ai pas le luxe d’avoir du temps.

Je continue de courir tant que mes jambes parviennent à me porter. Je fonce tout droit dans les bois, en espérant que cela me donnera plein de cachettes.

Derrière moi, j’entends des choses s'écraser tandis que le Maître me poursuit. Je me pousse à courir plus vite. Dieu merci, les vampires m'ont gardé en forme.

Le vent se lève autour de moi tandis que j’avance dans les bois. On dirait qu'une tempête se prépare ou quelque chose comme ça.

Je jette un coup d'œil en arrière et je vois que mon maître et plusieurs de ses hommes sont alignés à l'extérieur du manoir, essayant de m'atteindre.

Cependant, le vent semble les retenir car il commence à tourbillonner. Mes yeux s'écarquillent alors que j'observe la scène.

Ce qui est en train de se passer semble complètement surnaturel. Je me recule, voulant m’éloigner aussi vite que possible, parce que trois larges entonnoirs de nuage se forment, venus de nulle part.

Je n’ai aucune idée de ce qu’il se passe, mais je ne vais pas gaspiller cette chance. Je me retourne rapidement et recommence à courir.

Je ne sais pas pendant combien de temps j’ai couru. Il faut que je continue à avancer. J’entends toujours le tonnerre du vent derrière moi et le bruit de la pluie qui tombe, mais je reste au sec.

Je ne prends pas la peine de m'arrêter, bien que je regarde rapidement par-dessus mon épaule pour voir qu'il pleut à verse à quelques mètres derrière moi.

C'est presque comme si la pluie me suivait... mais ce n'est pas possible... n'est-ce pas ? Peut-être ai-je finalement perdu la tête.

J’ignore le fait que je suis peut-être en train de perdre la tête et je garde le rythme tandis que je coure dans la forêt. Je saute par-dessus des arbres tombés et des racines surélevées.

J’ignore tout ce qui est autour de moi, sauf le chemin qui mène à ma liberté et le bruit assourdissant de mes pieds qui frappent le sol.

La douleur dans mes pieds après avoir couru pieds nus dans les bois ne signifie rien pour moi. Au moins je me suis enfuie avant que le Maître ne m'ait eue.

Au moins je suis en vie. Bien que je ne sache pas trop pour combien de temps cela restera vrai.

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