L’opératrice de Nuit  - Couverture du livre

L’opératrice de Nuit 

Constance Marounta

Chapitre 6

Asher

Il était en train de faire ses bagages.

Son nouvel appartement, pas très loin de l'entreprise pour des raisons pratiques, était déjà prêt, comme l'en avait fièrement informé Noah. Il ne lui restait plus qu'à s'installer.

Il n'était pas vraiment pressé d'aller se poser dans la ville où il était né et avait grandi.

Le lundi, il serait présenté à ses nouveaux employés. Il avait prévenu Noah de ne rien organiser de grandiose, car il détestait avoir affaire à un grand nombre de gens.

D'ailleurs, il n'était pas nécessaire de convoquer tout le monde. Juste le chef de chaque département ferait l'affaire.

Ensuite, il avait prévu d'envoyer un mail groupé à tous les employés pour se présenter. C'était mieux et moins intimidant de cette façon.

De plus, cela maintenait une certaine distance avant de savoir à qui il avait affaire.

Toutes ses affaires étaient prêtes pour le déménagement, à part son équipement de photographie qu’il n’avait pas encore rangé. Il partait le surlendemain et il pourrait en avoir besoin d'ici là.

Non pas qu'il y ait beaucoup de coins de cette ville qui n'aient pas encore été capturés par son objectif, mais qui sait, il trouverait peut-être quelque chose qui vaille la peine d'être photographié. On ne sait jamais.

Ces dernières semaines, il n'avait pas appelé Maggie.

Il en avait eu envie. Trop envie. Mais quand il avait été informé du dysfonctionnement qui occupait les opérateurs sans relâche, il avait décidé de ne pas abuser et de ne pas la déranger alors qu'elle devait avoir beaucoup à faire.

Pourtant, le plaisir de la taquiner, de la perturber lui manquait. Mince, elle le touchait un peu trop pour une parfaite inconnue.

Pour cette raison, il avait pris la décision de ne plus appeler après lundi. Il serait son boss, et il serait stupide de continuer ce petit jeu, sans parler du manque d'éthique.

À ce stade, il espérait sincèrement qu'elle soit beaucoup plus âgée qu'elle n'en avait l'air – ce dont il doutait – ou qu'elle soit extrêmement peu séduisante.

Ce n’était pas qu’il avait du mal à résister aux femmes séduisantes, il en avait d’ailleurs rejeté beaucoup ces derniers temps.

Étrangement, ou pas, en raison de la position qu'il occupait, de nombreuses femmes essayaient de coucher avec lui. Mais il n'était tout simplement pas d'humeur à ça.

Maggie était la première à le mettre dans cet état depuis longtemps, et elle n'en était même pas consciente.

Alors qu'il était assis sur son lit, il a décidé de jouer une dernière fois. Ce n’était pas bien, mais il s'était convaincu que cela ne leur ferait pas de mal. Alors il a appelé.

Mais elle n'était pas là.

Il a soupiré, déçu. Peut-être que c’était mieux ainsi, mais cela ne l'empêchait pas d'être frustré.

***

Le jour suivant, il est parti. Le trajet était long, mais cela ne le dérangeait pas.

Il aurait pu demander à l'un de leurs chauffeurs de l'emmener, mais il aimait bien se déplacer seul, ou avec son chien qui avait la tête à la fenêtre pendant tout le trajet et aboyait joyeusement.

Cela lui remontait le moral.

Il est arrivé en début de soirée.

Son nouvel appartement était moderne et entièrement équipé, mais il manquait de personnalité. Il devrait changer cela, mais à cet instant, il décida de se reposer.

Il aurait tout le temps pour le modifier à son goût.

Son père l'a appelé pour s'assurer qu'il était bien arrivé et pour l’inviter à dîner. Offre qu'il a déclinée poliment en prétextant d’être trop fatigué.

Il lui a promis cependant de se joindre à lui pour le petit-déjeuner le surlendemain.

Les jours suivants jusqu'au lundi ont été sans histoire. Il a surtout flâné et exploré. Il a pris beaucoup de beaux clichés et avait déjà trouvé ses nouveaux endroits favoris pour la photo.

Bitch n’était pas gênée par le changement de décor, ce qui était une bonne chose. Il avait eu peur qu'elle ne s'y adapte pas bien.

Il l'emmenait en promenade tous les jours même s’il savait qu'il ne devait pas la gâter autant, étant donné que les choses allaient changer dès le lundi, mais tant pis. Il profiterait du mieux qu'il pouvait de ses derniers moments de liberté.

Le dimanche, tôt le matin, alors qu'il emmenait Bitch pour sa promenade habituelle, son téléphone a sonné. Quand il a vu qui c'était, il a su qu'il était fichu.

« Espèce de petite merde ! » a crié James à l’autre bout de la ligne. « Tu es en ville depuis des jours et tu ne t’es même pas bougé le cul pour nous appeler ! »

« Je voulais avoir la paix, Ducon ! » a rétorqué Asher sur le même ton. « Je vous connais bande d’enfoirés, vous m'auriez traîné de fête en fête si je vous avais dit que j'étais ici. »

« Et tu crois que tu es tiré d'affaire ? » a repris l'autre. « Chez Adam ce soir. On va pas te louper mon vieux. »

Voilà, il savait qu'il était foutu.

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