Le Bébé d'un Inconnu

CASSIE

Cassie s'éveilla à l'aube. Elle donna le petit-déjeuner à Jessie et chargea leurs affaires dans sa vieille voiture. Elle installa sa fille dans le siège auto et lui déposa un baiser sur le bout du nez avant de prendre place au volant.

Elle tenta de démarrer le moteur, mais rien ne se produisit. Elle réessaya, sans plus de succès.

« Oh non, pas encore », soupira-t-elle en laissant tomber sa tête sur le volant.

Elle sortit et souleva le capot. Elle jeta un coup d'œil à l'intérieur mais ne savait pas quoi chercher. Elle n'y connaissait pas grand-chose en mécanique.

« Votre voiture vous fait des misères ? »

Une voix derrière elle la fit sursauter. Elle connaissait cette voix. Elle se retourna et vit Brad. Son sang se glaça.

« Fiche le camp et laisse-moi tranquille », lança-t-elle.

« Je peux peut-être vous donner un coup de main. Vous avez des outils ? » demanda-t-il en se dirigeant vers l'arrière de la voiture.

Cassie tremblait comme une feuille. Elle ne voulait pas qu'il voie sa voiture chargée. Elle ne voulait pas qu'il découvre ce qu'elle mijotait.

« Je t'ai dit de partir », dit-elle d'une voix chevrotante. « Tu n'as rien à faire ici. »

Brad s'arrêta net. « Qu'est-ce qui ne va pas ? »

Soudain, une petite voix appela depuis la fenêtre de la voiture : « Maman, Maman ! »

Cassie ferma les yeux, le cœur lourd. Une larme roula sur sa joue.

Brad regarda la voiture. Il s'approcha et jeta un œil à l'intérieur. Une petite fille aux cheveux bruns et aux yeux verts lui sourit. Elle avait de petites fossettes quand elle souriait.

Il lui rendit son sourire, puis se tourna vers Cassie. « Tu as une fille ? »

Sans le regarder, elle répondit : « Oui, mais ça ne te regarde pas. »

Il observa à nouveau l'enfant. Ses yeux se plissèrent, pensif. « Attends, dit-il. Quel âge a-t-elle ? »

Cassie ne répondit pas, mais la petite fille dit : « J'aurai quatre ans dans trois mois. »

Brad sourit à nouveau à la fillette et demanda : « Comment t'appelles-tu, ma puce ? »

« Jessie », répondit-elle.

Brad se pencha vers Cassie. Il respirait fort. « Qui est son père ? »

« Ça ne te regarde pas », répliqua-t-elle avec colère.

« Jessie est mon portrait craché. Elle a la même couleur de cheveux, les yeux verts, et même mes fossettes quand elle sourit. Est-ce qu'elle est ma fille ? » demanda-t-il d'une voix forte.

Cassie savait qu'elle ne pouvait pas lui mentir. « Oui, c'est ta fille. Maintenant va-t'en. Fiche-nous la paix. »

« Pas question, dit-il avec colère. Rentrons. Il faut qu'on discute. »

« Non, on n'a rien à se dire. Je t'ai dit de nous laisser tranquilles », dit-elle en essayant d'ouvrir la portière, mais il lui saisit le bras.

« Ta voiture ne démarrera pas, Cassie. Ne fais pas l'idiote. C'est ma fille. Je ne bouge pas d'ici, et toi non plus », dit-il d'un ton ferme.

Cassie le regarda longuement avant d'acquiescer lentement. Elle sortit Jessie de la voiture et lui prit fermement la main. Brad les suivit jusqu'à son appartement.

À l'intérieur, Brad s'assit sur le canapé avec Jessie pendant que Cassie préparait du thé. Elle les observa discuter. Jessie était futée pour son âge et parlait beaucoup de ses poupées et de combien elle adorait aller au refuge pour animaux pour jouer avec les chiots.

« Tu aimes les chiots ? » demanda-t-il.

« Oui, j'en veux un, mais Maman dit qu'on n'a pas les moyens. Et notre méchant propriétaire ne veut pas qu'on en ait un. »

Cassie apporta le thé et s'assit, souriant à Jessie. « Ma chérie, tu peux aller colorier dans ta chambre un moment ? »

« D'accord, Maman. » Jessie regarda Brad. « Je vais te faire un dessin ! »

« J'adorerais ça », dit Brad avec un sourire.

Il regarda Jessie courir joyeusement vers sa chambre, puis se tourna vers Cassie. « Elle est si mince. Tu la nourris suffisamment ? »

Elle le regarda avec colère. « Je prends bien soin de ma fille. Je suis une bonne mère. »

Le regard de Brad s'adoucit. « J'en suis sûr. Je ne voulais pas dire le contraire. Mais regarde cet endroit, Cassie. Comment arrives-tu à joindre les deux bouts ? »

Elle jeta un œil à sa montre coûteuse et ses vêtements élégants. Ses chaussures valaient plus que ce qu'elle gagnait en cinq mois. « On s'en sort. Je n'ai peut-être pas ton argent, mais elle a de quoi manger et un toit. »

« Mais elle est petite pour presque quatre ans », dit-il.

Cassie soupira. « Elle est née avec deux mois d'avance. Jessie est en très bonne santé et très intelligente, alors tu n'as pas besoin de... »

Un coup fort à la porte l'interrompit. Elle sursauta et fixa la porte, immobile. Ses mains tremblaient, et Brad le remarqua, l'air inquiet.

« Tu ne vas pas ouvrir ? » demanda-t-il.

Elle prit une inspiration tremblante et se leva, marchant lentement vers la porte. Quand elle l'ouvrit, un homme imposant portant une chemise sale la bouscula pour entrer, la plaquant contre le mur.

Il pointa son doigt vers son visage et se mit à hurler. « Je t'ai dit pas de bruit. Ta gamine fait trop de boucan. Fais-la taire, ou je m'en charge ! »

Il n'avait pas vu l'autre homme assis là.

Brad bondit et se précipita vers lui. Il plaqua l'homme contre la porte, sa main sur sa gorge. « N'ose plus jamais lui parler comme ça. Et si je t'entends encore une fois parler ainsi de la petite, je te ferai passer un sale quart d'heure. »

« Brad, arrête, lâche-le », supplia Cassie. Elle craignait qu'il ne tue l'homme.

Il relâcha le propriétaire et recula, le regardant avec colère.

L'homme ouvrit rapidement la porte, criant : « Ça suffit, ma petite dame. Je vous veux dehors aujourd'hui », puis s'enfuit avant que Brad ne puisse l'attraper.

Cassie fondit en larmes. Elle regarda Brad et dit avec colère : « Voilà ce que tu as fait. »

« Tu partais de toute façon », dit-il.

« C'était avant que ma voiture ne tombe en panne. »

Jessie passa la tête par la porte de sa chambre, et Cassie eut le cœur serré en voyant que sa fille pleurait.

« Maman, j'ai peur. »

Elle s'agenouilla et serra la petite fille dans ses bras. Elle essaya de ne pas pleurer en parlant. Elle devait être forte pour Jessie. « Ça va aller, mon bébé, on va trouver un meilleur endroit où vivre. Je te le promets. »

Brad les observa. Il prit une profonde inspiration, semblant prendre une décision rapide, et dit : « Bon, vous venez toutes les deux avec moi. »

Cassie le regarda avec colère. « Non, va-t'en. Tu as déjà causé assez de problèmes. »

Brad s'approcha et prit Jessie dans ses bras. « Hé, ma puce, tu as fini ce dessin pour moi ? »

« Non. » Elle émit un petit sanglot.

« Tu pourrais aller le faire maintenant ? Maman et moi devons parler. »

« D'accord. » Elle le serra dans ses bras, descendit, et alla dans la chambre.

Brad se retourna vers Cassie. « Écoute-moi juste une minute. Tu ne peux pas rester ici, et ta voiture ne marche pas. Toi et Jessie pouvez venir dans ma chambre d'hôtel, et on réfléchira à ce qu'on va faire. »

« J'ai dit non », répondit-elle.

Brad fit les cent pas, passant sa main dans ses cheveux. « Pourquoi es-tu si têtue ? C'est ma fille là-dedans. Si je dois, je prendrai un avocat et demanderai la garde. »

Ses yeux s'écarquillèrent de peur, et sa voix tremblait quand elle parla. « Tu ne ferais pas ça. Tu ne la connais que depuis une heure. Je suis sa mère. »

Il la regarda. « Je ne veux pas en arriver là, mais je ne laisserai pas mon enfant vivre dans la misère. C'est à toi de choisir, Cassie. »

Cassie était à bout de forces. Elle ne voulait plus se battre, et elle ferma les yeux, vaincue. « Tu ne me laisses pas le choix. »

Il posa sa main sur son bras, mais elle s'écarta, se sentant en colère et effrayée. Sa pire crainte se réalisait.

BRAD

« J'ai une faim de loup, Maman », s'exclama Jessie depuis l'arrière de la voiture de Brad.

« Ne t'inquiète pas, ma chérie », répondit-il à la place de Cassie, « dès que nous arriverons à l'hôtel, nous commanderons ce qui te fait envie. »

« Des nuggets de poulet, des nuggets de poulet ! » scanda Jessie comme une ritournelle.

Cassie et Brad échangèrent un regard amusé et complice.

Ses yeux sont encore plus envoûtants que dans mes souvenirs, songea-t-il.

Pendant le reste du trajet, il ne pouvait s'empêcher de penser à son charme, et à quel point Jessie avait hérité de son magnifique sourire.

Il se remémora cette nuit où elle avait parsemé son corps de tendres baisers. Comment elle l'avait fait fondre, et comment plus tard elle s'était blottie dans ses bras, lui offrant un sourire radieux.

Cette nuit-là, il avait ressenti bien plus qu'une simple attirance physique. Même s'il essayait de se convaincre que ce n'était qu'une aventure sans lendemain, il ne parvenait pas à l'oublier.

Brad gara la voiture à l'hôtel, puis porta Jessie jusqu'à leur vaste chambre.

Elle courut partout, s'émerveillant de tout ce qu'elle voyait. La suite était immense, avec deux chambres, deux salles de bains équipées de baignoires spéciales, une cuisine tout équipée et un grand salon.

Brad montra une des chambres à Cassie. « Toi et Jessie pouvez prendre cette chambre. Le grand lit devrait vous convenir à toutes les deux. »

Elle se tourna vers lui. « Je te préviens, nous ne restons qu'une nuit. »

« Écoute, Cassie, personne ne part tant que nous n'aurons pas mis les choses au clair. Jessie est ma fille, et je veux subvenir à tous ses besoins. Je veillerai à ce qu'elle ait un toit sur la tête et qu'elle soit bien soignée. »

« Tu insinues que je ne m'occupe pas bien d'elle ? » rétorqua-t-elle, piquée au vif.

Brad secoua la tête, agacé. Elle avait le don de déformer ses propos. « Ce n'est pas ce que je dis. »

Jessie fit irruption dans la pièce avant qu'ils ne puissent poursuivre.

« Maman, Maman, des nuggets de poulet, s'il te plaît. »

Brad ne put s'empêcher de sourire. « D'accord, ma puce, je vais nous commander à dîner. Pourquoi n'allumes-tu pas la télé pour regarder des dessins animés ? »

Jessie se planta devant eux, les poings sur les hanches. « Maman ne me laisse pas regarder la télé pendant la journée. »

Brad regarda Cassie. « Pourquoi donc ? »

« Les enfants devraient jouer ou lire. Ils ont besoin de bouger plutôt que de rester plantés devant la télé », expliqua Cassie, adoptant la même posture que sa fille.

Il s'efforça de ne pas sourire en voyant à quel point Cassie ressemblait à leur fille à cet instant. « Tu as raison, et je suis d'accord. Mais je pense qu'on peut faire une exception pour cette fois. »

Jessie se mit à sautiller. « Je peux, Maman ? »

Cassie soupira et leva les yeux au ciel. « Bon, d'accord, mais c'est bien parce que c'est exceptionnel. »

Jessie fit un rapide câlin à Cassie, puis fila chercher la télécommande.

Brad et Cassie gagnèrent la cuisine tandis que le son des dessins animés commençait à résonner. Il leur servit un verre de vin à chacun, puis décrocha le téléphone.

« Qu'est-ce qui te ferait plaisir ? » demanda-t-il.

« Peu importe, vraiment. N'importe quoi fera l'affaire », dit-elle en s'asseyant à table et en sirotant son verre.

« D'accord, je vais nous commander à manger, et après avoir bordé Jessie, nous discuterons. »