Il a guéri mon cœur - Couverture du livre

Il a guéri mon cœur

Tinkerbelle Leonhardt

Secourue

Harper

Les jours défilaient rapidement et aujourd'hui, vendredi, c'était le dernier jour de ma première semaine. Le travail n'était pas difficile, et j'aimais bien parler aux habitants de la ville, même je n'avais pas vu ni entendu parler de Spencer.

Je supposais que je m'étais trompée et qu'il était vraiment juste sympa. Je récupérai mes affaires et dis au revoir à M. Johnson et à sa femme qui travaillaient au comptoir.

Mon oncle les avait déjà informés du barbecue du week-end prochain. Cet homme ne perdait pas de temps. En sautant dans mon camion à cabine double avant de prendre la direction de la maison, je soupirais de soulagement d'avoir vraiment apprécié ma première semaine.

C'était un endroit formidable pour élever mon fils. Levi était heureux et épuisé chaque jour, et lui et oncle Clade construisaient un grand circuit dans la remise pour toutes ses petites voitures.

Je fredonnais «Before he cheats» de Carrie Underwood qui venait de passer à la radio quand j'entendis un énorme boum, et la direction céda. Je réussis à m'accrocher et je m’arrêtai sur le bord de la route.

«Merde», jurai-je. Je m’extirpai de derrière le volant, et allai vérifier les dégâts. J'avais un pneu crevé, mais je n'avais pas de roue de secours.

Je sortis mon portable mais l'objet inutile n'avait plus de batterie. Mon visage était envahi de panique, qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire?

J'étais à une heure à pied de chez moi, et à peu près autant pour retourner en ville, sans aucune garantie que quelqu'un serait ouvert. Je récupérai mon sac à main et je verrouillai mon camion, forcée de rentrer à pied.

Au moment où je partais, un pick-up noir ralentit et s'arrêta à côté de moi. «Mais qu'est-ce que vous foutez?»

Mon corps se figea lorsque le son instantané et inimitable d'un baryton profond et rauque frappa mes oreilles et me transperça, je me retournai et le vis me fixer à travers sa vitre passager.

«Mon camion a un pneu éclaté, je n'ai pas de roue de secours et ma batterie est à plat.»

«Vous avez prévu d’aller jusqu'à chez votre oncle à pied? Ces chaussures seront usées avant que vous n'y arriviez.»

«Tout va bien», répondis-je sur la défensive, ne voulant pas donner l’impression d’être impuissante et d’avoir besoin d'être secourue. J'étais une femme indépendante et autonome. Je m'en chargeais, j'avais déjà décidé de la façon de m’organiser pour demain.

«Bon sang, sacrée bonne femme.» Spencer passa la marche arrière et s'immobilisa près de mon camion vide.

Je restai là un moment, à observer ses mouvements, avant de revenir sur mes pas. «Qu'est-ce que vous faites?»

Il était au téléphone, appuyé contre mon camion.

«Flank, c'est Spence...besoin de ton aide, autoroute 72, à environ quinze minutes de la ville. La nièce de Clade a crevé, elle a besoin d'une roue de secours et d'un remorquage... Merci... Ouais, à bientôt.»

Il raccrocha et ouvrit la porte passager pour moi. «Montez», ordonna-t-il en inclinant la tête sur le côté.

Naturellement, je n’étais pas d’accord: «Tout va bien, Spencer, je pourrai récupérer le camion demain. Je ne suis pas sans défense, et je n'ai pas besoin d'être secourue...»

«Je comprends que vous êtes habituée à faire les choses par vous-même, Harper, mais ça ne serait pas bien de vous laisser ici à la merci des coyotes. Sans parler des loups qui errent dans ces régions.»

Je sautai près de lui, ma tête s’agitant de gauche à droite avec crainte. «Il y a des coyotes et des loups par ici?»

Il se mit à rire, visiblement amusé par mes doutes.

«Nan, je me moque juste de vous, enfin, pas pour les loups. Écoutez, dès que Flank arrivera, il chargera votre camion et on vous le ramènera à la maison. Je ne dirai à personne que vous avez dû faire appel à quelqu'un.»

Ce magnifique salaud me fit un clin d'œil.

Je frissonnai, sentant soudain la fraîcheur de la brise. «Merci», m’inclinai-je.

«Vous avez froid? Tenez...», il retira sa veste de shérif et l'enroula autour de moi, ferma le bouton pression et la fermeture éclair sur le devant.

«Vous n'êtes pas obligé, vous savez... Je suis tout à fait capable de...»

Ses grandes mains entourèrent mon visage, faisant taire le fil de mes pensées. Je me sentis immédiatement toute timide, et je baissai la tête, gênée par notre proximité.

«Je sais, vous êtes indépendante, vous n'avez pas l'habitude de compter sur la gentillesse des inconnus» - il releva ma tête pour que je rencontre son regard saphir - «parfois, ça fait du bien de savoir que les gens sont là pour vous. On n'est pas obligé de toujours être seul, nous aimons aider nos habitants.»

Nos habitants...

C'était donc de l'amitié, je pouvais m'en accommoder. Cela faisait longtemps que personne n'avait fait preuve d'une telle bonté désintéressée, mais j’étais contente qu'il ait clarifié les choses avant que je ne me ridiculise.

Je supposais que je voulais toujours secrètement être aimée par quelqu'un, alors j'essayais de voir quelque chose qui n'était tout simplement pas là. A quoi je m'attendais? Tous les hommes fuyaient quand ils apprenaient pour mon fils.

Je m’éloignai un peu de lui, son toucher chaud quitta mes joues tandis que mes yeux tombaient. «Merci, adjoint, j'apprécie vraiment votre aide. Je suis sûre que tous les habitants de la ville apprécient l'attention que vous leur portez.»

«Quoi? Harper, je crois que vous vous méprenez sur ce que j’ai dit…», il fut interrompu par des phares aveuglants qui se dirigeaient vers nous. Il souffla en signe d'agacement et sauta dans son camion pour le déplacer complètement hors du chemin.

Je ne savais pas ce qui le contrariait. Peut-être avais-je dit quelque chose qu’il ne fallait pas? Il me frôla pour aider à accrocher le treuil et mettre mon véhicule à l'arrière de la dépanneuse.

Son ami Flank ouvrait la voie et nous suivions derrière, je regardais fixement par la fenêtre alors que le silence nous entourait avec une force suffocante.

Je décidai de briser l'atmosphère glaciale, tout comme lui, et nous nous retrouvâmes à parler tous les deux en même temps.

«Alors...»

«Alors...»

Nous rîmes de bon cœur. «Allez-y.»

«J'allais juste demander ce qu’aime votre fils?»

«Leivon? Il s'intéresse surtout aux voitures, mais il aime aussi beaucoup le football.»

«Le football? Quelle équipe?»

Je gloussai nerveusement. «N’importe quelle équipe qui gagne... pourquoi?»

Il secoua la tête. «Simple curiosité.»

Nous nous garâmes dans l'allée, et mon oncle et mon fils sortirent en trombe. «Maman!» - les bras de Levi entouraient mes hanches - «où tu étais?»

Il pencha la tête sur le côté. «Je pensais que tu m'avais oublié.»

«Tu es la meilleure chose qui me soit jamais arrivée, pourquoi je t’aurais oublié?»

«Merde, petite, on était inquiets, ton téléphone basculait directement sur la messagerie vocale.» Mon oncle poussa un soupir de soulagement.

«Désolée mon oncle, la batterie de mon téléphone est morte et j'ai crevé.» Je lui lançai un regard d'excuse.

«Je vois ça. Dieu merci, le jeune adjoint ici présent passait justement par là», dit-il en haussant le sourcil vers moi.

«Oui, c'est bien tombé. Quoi qu'il en soit...» Je me tournai vers Flank, «merci M. Flank, prenez-vous la carte bleue?»

Flank toussa. «Ah, rien à régler. Je dois ma vie à ce fou.» Il leva son pouce vers Spencer, qui se contenta de sourire. «Et c'est Flank, Flank Rogers.»

«Eh bien, j'apprécie, mais j'aimerais quand même...»

«Elle est indépendante», coupa Spencer.

Flank et Spencer commencèrent à ricaner entre eux.

«Cette fille n'avait pas d'autre choix que de l'être», déclara fièrement mon oncle, venant à ma défense, et coupant court à leur comportement.

Mon camion fut déchargé, et au moment où Spencer retira sa chemise d'uniforme, toute la salive s'écoula de ma bouche à la vue de chaque muscle parfaitement taillé et sculpté.

Il prit son cric à l'arrière de sa voiture et se mit au travail sur mon pneu. Même sous le ciel assombri, on pouvait voir son corps impeccable, et j'imaginais ma langue léchant ce corps divinement parfait.

Je gémis sans le faire exprès, les quatre têtes se tournèrent pour m’adresser un regard curieux. «J’ai… J’ai… envie…de…de…faire pipi», bégayai-je et gémis-je en même temps.

Je fis demi-tour, et je courus pratiquement vers l'intérieur, me maudissant d'être si ridicule et désespérée, mais bon sang, comme son corps était séduisant et paralysant!

«J'ai besoin de faire pipi? Vraiment? C'est ce que tu as trouvé de mieux?» Je me réprimandais à voix haute.

Je me douchai et me changeai, en entendant des rires sonores venant de la table du dîner lorsque j’entrai. Spencer, à présent habillé, et Levi, qui jouait avec ses voitures miniatures, étaient assis là.

«Qu'est-ce qu'il y a pour le dîner?» Je souris.

«Ton ragoût préféré.» Oncle Clade me fit un grand sourire.

«Miam, j’ai hâte. Je peux aider?»

«Nan, pose tes fesses, je m'en occupe... Spence reste pour bouffer.»

Je passai nerveusement ma lèvre inférieure entre mes dents. «Merci, adjoint... de m'avoir secourue.»

Il fronça les sourcils. «Appelez-moi Spence, Harper.»

«D'accord, Spence», rétorquai-je avec un sourire joueur.

«Et tout le monde peut m'appeler Levi», lança mon fils, ce qui fit éclater de rire toute la pièce.

Nous passâmes la soirée à savourer la compagnie des uns et des autres. Spence et Leivon s’entendaient vraiment bien, et quand l'heure du coucher sonna, il demanda à Spence de lui lire son histoire du soir.

Oncle Clade se dirigea vers son fauteuil inclinable en daim préféré, et je commençai à faire la vaisselle. J'allumai la radio dans la cuisine, et je chantai doucement les paroles de la musique en me déhanchant.

«Voilà un spectacle pour les yeux fatigués.» Je sursautai de frayeur lorsqu'il entra.

«Vous m'avez fait peur, il s’est endormi, il ne vous a pas causé trop de soucis?» Je me penchai pour éteindre la musique.

«N’éteignez pas.» Il s'approcha, je sentais son souffle chaud sur ma nuque. «C'est un garçon génial, vous l'avez très bien élevé.» Ses mots provoquèrent un bourdonnement dans mon corps.

«Vous dansez avec moi?»

J'essayai désespérément de réfréner les pensées qui tourbillonnaient dans mon imagination hyperactive. Il était juste sympa, me disais-je, ne pense pas trop à ça.

Alors qu'il m’attirait plus près, son incroyable parfum envahit mes sens, affaiblissant ma résistance face à cet homme séduisant.

«More than friends» de Jason Mraz et Meghan Trainor passait en fond sonore, tandis que nous nous balancions doucement sous la lumière tamisée, une de ses mains sur le bas de mon dos, l'autre serrant la mienne.

C'était l'apogée de ma vie romantique très terne, mes yeux fixant son torse plus que ses saphirs flamboyants.

Mon cœur battait à tout rompre dans ma gorge, ma respiration s'accélérait pour prendre la forme de courtes respirations étranglées, et mon corps tremblait légèrement.

Il passa son doigt sous mon menton, et releva ma tête. Je clignai des yeux rapidement. «N'avez-vous jamais dansé avec un homme?» Mon regard allait de l’un à l’autre de ses yeux bleus captivants.

Je secouai la tête, essayant d'avaler la boule de nerfs accumulée dans ma gorge. Il grogna et ferma les yeux. «Comment est-ce possible?»

Mon embarras était trop lourd à supporter, et je fis un pas en arrière pour m'éloigner de lui et de ce tourbillon de confusion. «Vous…vous êtes p…probablement fatigué, je devrais vous laisser rentrer chez vous.»

Mon marmonnement était à peine audible, alors que je tordais nerveusement le bout de mes doigts devant moi, la tête pendante de honte.

Il voulait qu'on soit amis et j'étais là, à penser bêtement qu'on pouvait être quelque chose de plus, alors que je n'en avais clairement pas le droit.

Il me jeta un regard de frustration avant d'attraper sa veste sur le dossier de la chaise, passant la tête pour dire au revoir à mon oncle, seulement Clade s'était endormi.

Je maudissais intérieurement cet homme pour m'avoir laissée avec notre invité alors que ce n'était pas moi qui lui avait demandé de rester.

Je raccompagnai Spence à sa voiture, il jeta sa veste sur le siège passager et ferma les portes avec force, apparemment énervé contre moi.

«Merci pour votre aide ce soir», chuchotai-je.

Il restait là, la porte du conducteur ouverte, à me jauger. «Pourquoi faites-vous cela? Qu'ai-je fait pour que vous vous fermiez à moi?»

Je levai la tête d’un coup pour faire face à une flamme féroce qui brûlait derrière ses iris foncés. «Que voulez-vous dire?»

«Ce n'est pas évident? Merde, toute la semaine j'ai essayé de te sortir de ma tête, et toute la semaine j'ai essayé de trouver une excuse pour te voir, et j'ai échoué, et finalement ce soir, on me donne l'opportunité de te voir, et c'est comme si tu essayais de me repousser. Si tu veux seulement de l'amitié alors très bien, je vais en rester là, mais je ne peux pas m'empêcher de penser à toi, Harper, je veux juste apprendre à mieux te connaître, voir où va cette indéniable attirance...»

«Tu es attiré par moi?» demandai-je incrédule, avec un ton plus aigu dans ma voix.

«Tu ne le vois vraiment pas?»

«Quand tu as dit que tu «aidais les habitants», j'ai juste supposé que tu voulais qu’on ne soit rien de plus que des amis.»

«C'est ce que tu as pensé?»

Je passai mes mains sur mon visage, «Spence... généralement, les hommes finissent par découvrir que j'ai un enfant et disparaissent mystérieusement, je ne suis pas très douée pour ça.» Ma poitrine gonflait alors que je gémissais ma réponse.

«Les garçons, pas les hommes, Harper.» Il se pencha en avant, ce qui me choqua au plus haut point, et ses lèvres s'attardèrent alors qu'elles se pressaient contre ma joue. Je fermai les yeux, me délectant de la chaleur de sa chair.

«Laisse-moi vous emmener, Levi et toi, demain soir. Il y a un rodéo en ville. Est-ce que l'un de vous deux y est déjà allé?» Je respirais difficilement, peut-être que je devrais céder pour une fois?

Je n'étais pas morte et peut-être que ce serait amusant. Dieu sait si cela faisait longtemps que Leivon et moi n'avions rien fait d'amusant, choisissant d'économiser notre argent plutôt que de le dépenser.

«Je... je ne sais pas», j'étais vraiment en train de me battre contre moi-même.

«Juste...» il semblait être encore plus frustré par mon hésitation, «juste, essaye.»

«Ok.» On aurait dit que j'essayais de me convaincre plutôt que d'accepter une soirée avec un ami.

«D'accord?» demanda-t-il.

«Oui, Spencer, d'accord. Nous serions ravis d'aller au rodéo avec toi.»

Cela provoqua un sourire éclatant sur son visage. «Eh bien super, je passe vous prendre tous les deux. A demain soir... ma belle.»

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