Kiera est une solitaire, exilée de sa meute de loups après avoir perdu ses deux parents. Lorsqu'elle pénètre accidentellement sur les terres de la meute de King's Clearing, on lui offre une nouvelle vie confortable mais protégée, qui s'accompagne d'une contrepartie considérable. L'alpha de la meute, le roi Harrison Blackwolf, beau mais colérique, a besoin d'un héritier après avoir renvoyé ses précédentes compagnes et demande à Kiera de devenir sa nouvelle partenaire. Alors que le couple tente de mettre de côté leurs différences, ils découvrent bientôt que partager une maison - et un lit - est le moindre de leurs soucis.
Classement par âge : 16+.
HARRISON
« S'il te plaît... Harrison... Alpha... ne fais pas ça... »
Harrison se tenait froidement au-dessus de la jeune femme. Ses yeux sombres ne trahissaient aucune émotion. Grand et fort, ses cheveux noirs tombaient sur son visage alors qu'il la toisait.
La fille était à genoux sur le sol. Elle pleurait et le suppliait de ne pas faire ce qu'elle savait inévitable. Il avait pris sa décision. Elle n'était pas à la hauteur. Elle finirait comme l'autre, rejetée et blessée.
Harrison prit une profonde inspiration.
« Moi, le Roi Harrison Blackwolf, je te rejette, Scarlett Pace, comme ma compagne. »
La fille hoqueta lorsque le lien d'âmes sœurs se brisa. Le rejet la transperça comme un coup de poignard, et elle s'effondra sur le sol.
Si Harrison ressentait quoi que ce soit, il n'en laissa rien paraître. Il resta de marbre, inflexible dans sa décision alors qu'il la regardait.
« M-m-mais pourquoi ? sanglota-t-elle. Tu ne m'as même pas donné une chance. » Son corps entier tremblait de chagrin.
« Tu n'es pas à la hauteur du titre. Tu n'as pas l'étoffe d'une Reine Luna. C'est trop pour certaines personnes et je vois bien que tu n'en es pas capable. »
Harrison parlait sans émotion, ses mots aussi tranchants que la glace.
« J'ai besoin de quelqu'un de fort, qui sait se débrouiller seule. J'ai besoin d'une reine. »
« Tu es un monstre », murmura-t-elle.
Alors qu'il s'éloignait, il l'entendit fondre en larmes. Cela ne fit que renforcer sa conviction d'avoir pris la bonne décision en la rejetant. Tout comme il avait eu raison de rejeter la fille avant elle.
« Nous n'aurons pas d'autre chance, dit son loup, Bear, avec colère. On n'a droit qu'à une seconde chance. On dirait que notre lignée d'alpha s'arrêtera avec toi... »
Harrison grogna à son loup : « Merci. Tu es d'une grande aide. »
Il descendit le couloir et croisa son bêta en se dirigeant vers son bureau. « William, la fille est dans mon appartement. Assure-toi qu'elle fasse ses bagages et soit escortée hors du territoire de la meute. »
William laissa échapper un soupir. « Oui, Alpha. »
Harrison sentait que c'était une corvée dont William se serait bien passé. Rien n'était pire que de gérer une louve éplorée après un rejet.
Il entra dans son bureau et ferma la porte. Il s'approcha de son bureau et se laissa tomber lourdement dans son fauteuil. Il s'appuya sur ses coudes et se frotta le visage avec ses mains.
Il était fort. Le rejet d'une compagne ne l'affectait pas autant que les autres. Mais il ne pouvait nier que c'était épuisant, plus mentalement que physiquement.
Surtout cette fois-ci, car il venait de rejeter sa compagne de seconde chance.
« C'est une bonne chose. Maintenant, nous pouvons trouver une compagne à la hauteur du rôle. Ce sera plus simple. »
« Que vas-tu faire ? Organiser des auditions ? » dit Bear avec sarcasme.
« Je veux dire... on pourrait... »
« JE PLAISANTAIS !! TU AS TOUT FICHU EN L'AIR !! MAINTENANT ON N'AURA JAMAIS DE LUNA ET ON SERA DÉFIÉ !! » hurla Bear. Il était furieux qu'ils aient rejeté une compagne pour la deuxième fois. Il n'y avait pas de troisième chance. C'était fini.
« Nous trouverons quelqu'un de mieux. Quelqu'un pour nous donner un enfant », dit Harrison d'une voix basse avant de se mettre au travail pour la journée.
KIERA
QUATRE ANS PLUS TARD
Kiera poussa la porte de son petit appartement en sous-sol, exténuée. Elle jeta son sac à main sur le vieux canapé et se traîna jusqu'à la cuisine. Tout en retirant ses chaussures, elle jeta un œil à son courrier.
« Des factures, encore et toujours des factures. Il n'y a donc que ça ? » marmonna-t-elle en posant les enveloppes sur le comptoir avant de se servir un verre d'eau.
« Si seulement je pouvais recevoir un gros chèque d'une tante fortunée dont j'ignorais l'existence... »
Elle s'adossa au comptoir, but son verre d'eau et ferma les yeux.
Elle resta là un moment, rêvant de courir librement dans la forêt, sa louve à ses côtés, vivant dans un endroit où elle pourrait être elle-même.
Kiera gagna sa chambre et se débarrassa de son uniforme de travail imprégné d'odeurs de vieux café et de bacon. Elle l'avait porté pendant dix heures d'affilée.
« J'ai bien besoin d'une bonne douche... », dit-elle en se dirigeant vers la salle de bain.
Il fallait qu'elle se débarrasse de l'odeur de M. Howard, ce vieux client un peu trop tactile qui venait au restaurant tous les jours. Et aussi de toutes ces effluves de nourriture. Elle ouvrit le robinet et se glissa sous le jet d'eau chaude bienfaisant.
Soudain, l'eau s'arrêta net, la faisant crier avec du savon plein le visage. « C'EST PAS VRAI !!! » hurla-t-elle, essayant en vain de faire revenir l'eau avant d'abandonner et d'essuyer tant bien que mal le savon qui lui piquait les yeux.
Kiera s'enroula dans une serviette, au moins soulagée d'avoir pu se laver les cheveux. Furieuse, elle retourna dans sa chambre et jeta un œil à ses factures.
Elle grogna de colère en constatant qu'elle n'avait pas réglé la facture d'eau. Un coup d'œil à son compte en banque lui confirma qu'elle n'avait pas les moyens de la payer. Voilà pourquoi elle n'avait pas été payée depuis deux mois.
« Qu'est-ce que je vais faire ? » murmura-t-elle doucement, s'asseyant sur le lit et commençant à pleurer.
« On a des bouteilles d'eau dans le placard... tu pourrais peut-être t'en servir pour te rincer ? » suggéra timidement sa louve, Poppy.
Kiera eut un rire triste avant d'essuyer ses yeux.
« J'ai beau travailler comme une forcenée, je n'ai jamais assez d'argent... »
Elle repoussa ses longs cheveux roux et soupira.
Elle s'habilla, refusant de se laisser abattre par ce problème. Elle avait suffisamment pleuré ces huit dernières années. Pas question de recommencer maintenant.
Elle se regarda dans le miroir. Son vieux t-shirt bleu tombait sur son épaule et son short était troué. Kiera s'observa et soupira.
Ses yeux argentés semblaient fatigués et usés par sa vie difficile. Elle haussa les épaules et quitta la pièce pour chercher de quoi manger.
Elle se dirigea vers le réfrigérateur, ses longs cheveux roux encore humides de sa courte douche.
En l'ouvrant, Kiera constata à quel point il était vide. Elle grogna de frustration et alla au garde-manger chercher des nouilles instantanées.
« Quel festin de roi... », dit-elle avant de faire bouillir de l'eau.
Tout en mangeant ses nouilles directement dans la casserole, elle s'assit seule dans son appartement, plongée dans un livre. Elle n'avait pas de télévision. À quoi bon - elle ne pouvait pas se payer le câble ou les services de streaming.
« Un jour, on quittera ce taudis. On trouvera une jolie maison dans les montagnes avec plein d'espace... », dit sa louve, Poppy, pleine d'espoir.
« Ce serait chouette... », répondit-elle, partageant le même rêve. « Peut-être que demain soir, on pourrait aller courir dans les montagnes. »
« C'est vrai ? » demanda Poppy avec excitation. « Ça fait une ÉTERNITÉ ! »
« Je sais », dit doucement Kiera. « On a rarement un jour de congé, ou le temps. Mais Bill m'a donné ma soirée de demain, alors on pourrait en profiter. »
Kiera passa le reste de la soirée seule comme d'habitude. Elle n'avait personne d'autre qu'elle-même.
Quand elle a perdu ses parents il y a huit ans dans un terrible accident de voiture, sa meute n'a pas voulu d'elle et l'a mise à la porte. La meute ne voulait pas s'encombrer d'une ado de seize ans sans parents, alors ils l'ont discrètement écartée.
Les débuts ont été difficiles. Kiera s'est retrouvée à la rue pendant les premiers mois, travaillant la journée comme serveuse et dormant dans un refuge la nuit.
C'était terrifiant mais cela l'a forcée à prendre sa vie en main rapidement. Elle est devenue forte et a appris à se battre pour elle-même.
Alors que Kiera s'endormait, elle rêvait d'un jour où elle n'aurait plus à s'inquiéter de payer les factures ou de trouver de l'argent. Elle n'aurait plus sa douche coupée en plein milieu ni à manger des conserves probablement périmées.
Un jour.
Un jour, elle aurait un vrai foyer.
***
Quand Kiera se réveilla le matin, elle partit travailler. Elle avait le service du petit-déjeuner, ce qui signifiait que sa matinée était précoce et calme.
Elle prit le bus pour aller au travail comme d'habitude, assise tranquillement toute seule pendant que les autres passagers vaquaient à leurs occupations. On ne faisait pas la conversation dans le bus de cinq heures du matin.
En entrant dans le restaurant, elle prit une profonde inspiration en entendant le bruit des casseroles et des poêles à l'arrière de la cuisine. Bill était au fond, en train de crier sur l'un des autres cuisiniers, et elle pouvait sentir l'odeur du café en train de passer dans le coin.
« C'est parti... », se dit-elle doucement, se préparant pour le service chargé du petit-déjeuner.